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3 novembre 2021

Je retourne chez maman (The Marrying Kind) de George Cukor - 1952

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A côté de grands chefs-d’œuvre, il y a dans la filmographie de Cukor pas mal de tout petits films qui, honnêtement, ne valent pas grand-chose. C'est le cas avec ce The Marrying Kind transparent et fade qui, à force de naviguer entre comédie et drame, ne parvient jamais ni à vous faire rire ni à vous émouvoir. Exactement planté dans une zone floue, le film raconte simplement la petite vie d'un couple moyen, qu'on retrouve au départ sur le banc d'un tribunal : ils ont décidé de divorcer. Mais la juge, sentant le peu d'assurance de leur décision, décide de les interroger une dernière fois sur leur vie maritale, afin de comprendre les raisons de la brouille. Et c'est parti pour 90 minutes de flash-back retraçant les petites misères et les grands drames, les bonheurs infinis et les joies minuscules de ce couple banal, qui représente finalement tous les couples du monde. Deux originalités au milieu de ce film tout tracé : d'abord le récit de cette vie à deux est commenté par le couple au bord du divorce, comme s'ils se projetaient à eux-mêmes le film de leur vie. Ça permet de développer une certaine distance par rapport au récit ; malgré le récit au passé, on reste toujours en regard avec le présent, bon, c'est assez astucieux. Le deuxième point vient de cette scène magnifique au milieu du film, celle qui fait basculer l'histoire de la narration bon enfant des affres du mariage à une dimension plus tragique : la petite famille pique-nique au bord de l'eau, discute gaiement, le petit garçon du couple sort du champ pour aller jouer... et on le retrouvera noyé deux plans plus loin. L'extraordinaire brutalité de la chose, à laquelle on ne s'attend absolument pas (sauf à avoir lu le texte ici présent, je m'en rends compte, hum) est spectaculaire et ressemble vraiment à ce qui peut faire virer une existence. On dirait bien que Cukor n'a accepté de tourner ce scénario qu'à cause de cette scène, il est vrai géniale.

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Parce que en dehors de ça, le truc déroule son fil pépère, sans jamais que quoi que ce soit pointe le bout de son nez. Porté par deux acteurs guère charismatiques, qui cabotinent parfois et sont en-dessous des situations le reste du temps (Judy Holliday et Aldo Ray), écrit plus comme une suite de clichés amusants sur le couple que comme une véritable analyse sociologique, The Marrying Kind est mollement ennuyeux. Il tend un miroir au spectateur afin qu'il puisse y contempler à loisir les difficultés du mariage et de la vie à deux, mais le fait avec tant de légèreté dans un premier temps, et tant de mélodrame ensuite, qu'on n'en tirera guère de leçon sur sa propre vie. C'est dommage, car il y avait là-dedans une belle volonté de "faire film" avec les toutes petites choses du quotidien qui aurait pu toucher. Là, on a droit aux engueulades et aux caprices d'un mari peu sympathique et immature, aux plaintes d'une épouse désagréable et sans charisme, et on regarde se dérouler le truc sans jamais être de leur côté. Inconséquent.

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