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2 novembre 2021

LIVRE : Milwaukee blues de Louis-Philippe Dalembert - 2021

315bZdzfwgSIl fallait bien, à la veille du sacro-saint prix littéraire, que l'on ait lu en ces colonnes les quatre derniers ouvrages en lice... Bon, si le roman de Dalembert n'a rien de déshonorant et évoque un sujet pour le moins brûlant (le meurtre de George Floyd par un policier zélé), il manque pour le coup d'un peu d'envergure. Il est certes sympathique d'évoquer le George (prénommé ici Emmett) par le biais de ceux qui l'ont connu (ses instits, ses amis, son entraineur, son premier amour, son ex...) : cela nous rend forcément le gars plus proche, dans ses faiblesses comme dans ses ambitions ; Emmett fut en effet un garçon sans problème (il flirta un moment, par le biais d'un ami, avec le milieu de la drogue mais sa mère veilla) qui eut l'opportunité de faire carrière dans le football américain (le sport, l'ascenseur social par excellence pour les déshérités...) ; il rencontra une jeune femme blanche bien sous tout rapport et ce malgré les multiples pressions sociétales - puis survint le premier pépin (la blessure) puis le second (la blessure bis...) ; une ambition qui s'écroule, une vie sentimentale qui part en quenouille (trois gamins sur le dos... sans donzelle), une vie familiale qui se délite (un père aux abonnés absents depuis longtemps puis la disparition de la mère) et cerise sur le gâteau une interpellation par trop musclée - la déveine, quoi...

Dalembert tente l'angle social en tentant de nous décrire la vie de ce quartier black oublié, les antagonismes communaristes, les éventuels opportunismes universitaires ; on sent qu'il fait un effort pour pénétrer ce monde, pour nous informer sur cet "univers ricain", cet american dream à deux sesterces mais cela sent malheureusement un peu trop la sueur, le regard extérieur ; de même, dans la dernière partie, en s'intéressant plus particulièrement aux personnes qui mirent en place les manifestations en hommage à Floyd, on a l'impression que ces portraits (une vieille activiste qui a monté sa propre église ; un jeune couple mixte idéaliste...) sont un peu forcés, un peu trop parfaits comme si l'auteur faisait le choix d'être résolument optimiste quant à ce monde à venir, quant à ces diverses énergies positives qui pointent le bout du nez ; cela part certes d'un bon principe, mais on finit par perdre un peu de vue toutes les dérives et les excès de cette société ricaine (plus un mot sur le flic, ni même sur les raisons de l'interpellation) qui s'enfère depuis des années dans les mêmes problèmes inter-communautaires ; quant à l'écriture, dirait l'ami Gols pour une fois à bon escient (je le titille), elle est un peu petit bras pour le coup... Une petite chose dans l'air du temps qui ne transcende en rien l'événement. Définitivement, le gros outsider pour domani...

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