Mad God (2021) de Phil Tippett

L'accroche du film parle d'elle-même : il aura fallu trente ans pour Tippett pour venir à bout de ce projet en stop-motion - et des milliards d'heures de travail et d'interventions extérieures ; ce n'est pas tant au niveau du scénario que les fans de science-fiction pourront véritablement se réjouir : un homme chargé d'une mallette, envoyé par son "Créateur", s'infiltre dans un monde plus cauchemardesque que féérique... A l'intérieur dudit homme se trouve une larve qui se révélera capable, accrochez-vous, de provoquer une sorte de Big Bang... Oui, bon, c'est brièvement résumé, un rien réducteur mais l'intérêt est bien sûr ailleurs ; sans dialogue, le film se concentre sur cet univers totalement abracadabrant, entre un Starewitch sous ecsta et un Jim Henson sans limite, et sur ces multiples créatures toutes plus loufoques et inattendues les unes que les autres... On entre dans un monde résolument apocalyptique d'où peut surgir au moindre coin de rue en ruines un tank ou une créature totalement azimutée... On suit le parcours de cet envoyé sans vraiment comprendre le but de sa mission mais en guettant dans chaque coin de l'écran chaque menace qui plane et surtout les efforts pour rendre ce monde totalement bizarroïde et extravagant... On broie de l'homoncule comme dans une entreprise nordique sur le déclin et on se demande jusqu'à quand cet homme avec cette mystérieuse mallette va survivre... Je ne dis rien, hein, mais il va quand même prendre cher sous le bistouri d'un chirurgien peu scrupuleux... La larve qui sera extraite de notre homme va elle aussi traverser différents univers (une petite faiblesse pour ces deux monstres grotesques qui se battent à coups de pelle ; le petit morceau sur le monde chatoyant et coloré dénoterait presque un brin jusqu'à ce qu'une araignée sanguinaire apparaisse et bouffe ce con de pseudo-télétubby) et se retrouver finalement entre les mains d'individus pour le moins étrange (un oiseau sur coussin d'air sorti tout droit de l'imagination d'un Miyazaki ou encore un vieux grand-père sadique avec plus de boursouflures de peau que Léon Zitrone). Si on perd un peu le fil de la chose avec ce final pour le moins explosif et dévastateur (ou renvoyant aux origines ?), on n'est pas pour autant déçu d'avoir assisté à cette petite merveille si noire et originale, véritable projet d'une vie... Pour les fans d’œuvres folles, délirantes, impossibles qui demeurent sensibles aux univers alambiqués et définitivement dingos. Mad Philax !!!