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Shangols
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GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
14 juillet 2021

L'Echiquier du Vent (Shatranj-e baad) (1976) de Mohammad Reza Aslani

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Voila un film iranien qui ravira autant les adeptes de mise en scène classieuse, de belle image (ces couleurs dignes de film muet lors de cette séquence cruciale où les protagonistes règlent leur compte) et des intrigues tordues... Un cadre, celui d'une maison, et des personnages qui fomentent tous à leur niveau : un pater familias autoritaire qui aimerait continuer d'humilier tout un chacun, sa belle-fille, sur fauteuil roulant, qui aimerait hériter des biens de sa mère défunte, des neveux d'adoption (dont l'un souhaiterait épouser la paralytique) et une servante virevoltante... Si certains aimeraient mettre la main sur la fortune familiale, d'autre (la servante bien entendu) se verrait bien monter socialement ; si sa maîtresse a en ses mains plusieurs armes (un petit fléau destructeur, un pistolet à l'ancienne...), la servante semble avoir plusieurs cordes à son arc (de qui est-elle l'alliée véritable là est toute la question...). Quand le pater familias "disparaît" (on ne saurait mieux dire), chacun tente de mettre en place ses pièces sur l'échiquier de l'opportunisme... L'issue reste jusqu'au bout imprévisible dans une maison où les cadavres tombent comme des fruits trop mûrs...

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Il y a au départ une sorte de "grand classicisme" dans ces cadres millimétrés, à l'image de ce plan superbement composé (avec ce léger travelling avant tout en douceur) des lavandières qui viennent donner un peu d'air à ce récit... tragique. Mais peu à peu, l'action va prendre son rythme : les premiers coups tomberont et la caméra de suivre les mouvements de ces cinq pièces centrales dans chaque case de la maison. Aslani est un cinéaste soigneux et audacieux (son film sera vite censuré avant de disparaître sous le manteau... toute une histoire en soi que celle de cette pellicule récemment retrouvée chez un brocanteur...) qui nous livre au moins deux séquences qui marquent la rétine : ce ballet entre cette femme clouée sur son fauteuil et sa servante qui se termine dans une étreinte pour le moins sensuelle ; et puis cette scène, ce long plan dans ces couleurs de vieil oranger, où l'on suit notre veuve dans sa vengeance, dans sa véritable descente (de son siège, déjà) aux enfers. Sur une musique surprenante et glauque à souhait (qui donne à l'ensemble une atmosphère superbement malsaine), on suit la progression de notre veuve prêt à porter le coup fatal à... ?? Du suspense, des surprises (!), et des alliances qui ne cessent d'évoluer en direct... Qui manipule qui, quelle pièce a fait semblant de se sacrifier pour mieux mettre le "roi" échec et mat, on nage jusqu'au bout en eau trouble dans ce polar iranien et shakespearien d'un autre âge... Aslani, par la composition de ses cadres, par le choix de ces couleurs fanés et ces jeux d'ombre, livre un film qui est resté trop longtemps caché derrière les fagots et qui réapparait avec l'aura d'un "grand film maudit" absolument pas volé pour le coup (c'est plutôt rare en nos temps de commercialisation à tout va). Check et mâte ! (et le Shang de se déshangoliser pour un mois - mais il reviendra la hotte pleine...)

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