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14 juillet 2021

La dernière Folie de Mel Brooks (Silent movie) de Mel Brooks - 1976

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Rhhaaaaa décidément le cinéma de Mel Brooks pique les yeux aujourd'hui, et à moins d'avoir la perversion d'aimer encore les pitreries de Benny Hill, on ne peut pas du tout apprécier Silent Movie de nos jours. L'idée de départ : tenter de refaire un splastick muet en 1976, voir ce qui reste de l'héritage de Harold Lloyd ou Laurel et Hardy au temps des gros gags qui tâchent et de la révolution sexuelle. Mel Brooks s'attelle donc à la tâche, mais premier constat : il le fait sans aucune considération de ce qu'était vraiment le comique de l’époque, se contentant de couper le son et de nous reproposer une de ses gauloiseries piteuses habituelles. Ce n'est pas parce qu'on remplace les dialogues par des intertitres qu’on parvient à rendre hommage au genre, c'est la remarque qu'on se fait en voyant ces gags pitoyables se succéder dans un silence gênant. Brooks ne retrouve rien du style de jeu de l’époque, rien de la texture des gags, rien du charme des muets des années 10-20. Il se contente d'aligner les vannes sexistes, les grosses cascades poisseuses et les courses-poursuite en mousse à un rythme qu'il suppose trépidant, mais rien ne fonctionne. L'esprit potache du gars ne colle pas avec le genre pourtant pas toujours très fin des splasticks, et jamais l'expérience ne paye (et on repense forcément à The Artist, qui, au moins lui, réfléchissait aux spécificités du jeu des acteurs de l'époque, à la nature des gags, aux rythmes : la comparaison est accablante).

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Brooks complique les choses en troussant un scénario-mise en abîme qui, là aussi, s'avère très vite une mauvaise idée. Il interprète un cinéaste hollywoodien sur le retour qui, pour renflouer les caisses du studio, décide de lancer un projet insensé : faire un film muet. Le producteur accepte à la condition qu'il trouve des stars pour le casting. C'est donc parti pour une chasse aux célébrités, des acteurs connus acceptant de se plier aux trouvailles de mauvais goût de Brooks : Paul Newman dans une course-poursuite en chaise roulante qui fait mal aux yeux, Anne Bancroft ridiculisée, James Caan qui fait douloureusement le clown, Burt Reynolds en pleine auto-parodie de Don Juan, Liza Minnelli en simple spectatrice d'un pénible gag de huit heures de temps... Ils sont là, c'est gentil de leur part, mais leur présence est carrément un peu gênante : voir de bons comédiens dans un mauvais film me rend toujours mélancolique. Mel, lui, semble s'amuser comme un fou avec ses blagues sexistes ou ses mimiques pénibles, mais jamais, et je dis bien jamais on ne rigole à icelles : c'est lourd comme un repas du dimanche. On devine les intentions, on voit bien que le gars aime la comédie musicale, le grand âge d'or d'Hollywood, les comédies de Lubitsch ; mais rien n'est correctement senti et transcrit, tout est passé au rouleau compresseur de l'Hénauuuurme rire populaire à deux balles. Même le second degré qui a pu parfois sauver ça et là quelques scènes de son cinéma fait ici cruellement défaut : ratage total, qui ne mérite que le seul et unique mot prononcé dans ce film (par Marcel Marceau) : "No".

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