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24 juin 2021

La Fleur du Mal de Claude Chabrol - 2003

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Chabrol a toujours été capable du pire et du passable, franchement. En tout cas, quand on voit ce qu'il ose nous pondre, pour son 50ème (cinquantième) film, on est en droit de se poser des questions sur son véritable talent et sur son possible statut d'imposteur. La Fleur du Mal est bâclé du début à la fin, tout y est ringard et presque volontairement dilettante, comme si Chabrol voulait bien nous faire comprendre que désormais la sieste était pour lui plus importante que la création. Déjà, au niveau scénar, on tremble devant la convention et les clichés de cette histoire : le portrait d'une famille de grands bourgeois bordelais, qu'on découvre à l'occasion du retour des États-Unis du fils prodigue (Magimel, deux expressions : en veste ou en polo). Il y retrouve donc papa (Le Coq, le seul à s'en tirer honorablement), belle-maman (Nathalie Baye, sous-employée et transparente), mamie (Suzanne Flon, avec ses tartes aux fruits et ses gronderies tendres, Suzanne Flon, quoi) et demi-sœur (Mélanie Doutey, en-dessous de tout). Depuis la guerre, la famille est le cible de ragots concernant la complaisance avec l'occupant, voire certains actes incestueux condamnés par la loi... mais ces rumeurs pourraient bien, finalement, être fondées, la famille et la bourgeoisie étant comme on le sait les deux mamelles de la gabegie selon Chabrol.

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Que ce soit dans les scènes de couple entre Magimel et Doutey, dans les scènes de campagne électorale avec Baye (dont le personnage se pique de se présenter aux municipales), dans les comportements douteux de Le Coq vis-à-vis de ces demoiselles, tout sonne faux là-dedans. Parce que le scénario, écrit de façon hyper appliquée, octroie à ces acteurs binaires des scènes totalement ineptes, artificielles, grossières ; et que la mise en scène de Chabrol est d'une paresse étonnante, s'apparentant à une esthétique de téléfilm de la 3, ce qui affadit complètement le jeu de massacre visiblement visé. On sent bien que le bougre voudrait réaliser une tragédie grecque, dans la droite lignée de Que la Bête meure par exemple. Mais bien trop cossard, il ne réalise qu'une petite dramatique d’opérette, bien peu aidé il est vrai par les techniciens tout aussi amateurs que lui : la musique est attendue, la photo dégueulasse, les décors artificiels... Au final, dans une posture dont il ne cherche même plus à cacher la cruauté si ce n'est le cynisme, le film renvoie tout le monde dos à dos avec un écriteau "tous pourris" en bandoulière : il aurait fallu pourtant, pour faire passer ce message ricanant et nihiliste, d'autres outils que ceux employés ici, ceux du cinéma bourgeois et fier de lui, malin et sûr de lui, qui se repose pesamment sur ses lauriers.

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