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Shangols
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24 juin 2021

La Ruée (American Madness) (1932) de Frank Capra

8338c045_1_Pour fêter un retour de vacances, rien de mieux qu'un petit Capra pour faire passer la grisaille shanghaienne.

On est dans les années 30, ben ouais la Grande Dépression, mais le patron de la banque ne cède en rien à ses cupides et frileux associés, il faut que l'argent circule pour éviter que toutes les grandes entreprises en difficulté licencient à tour de bras. Les gars sont po contents mais ils n'ont pas le choix. Là-dessus, pas de bol, un casse a lieu à la banque et la rumeur d'une faillite s'étend rapidement à toute la ville : superbe montage de personnes au téléphone qui avertissent leurs amis de retirer leurs économies, Capra multiplie les plans, montés de plus en plus rapidement, illustrant parfaitement ce système de téléphone arabe qui va mettre le feu aux poudres ; une nuée, une ruée de gens, montent à l'assaut de la banque (25 000 figurants, pas d'élephants) et malgré le discours improvisé du charismatique Waltermadness_1_ Huston devant cette foule (cette prise à partie n'est pas sans annoncer celle de James Stewart dans Mr Smith goes to Washington, seul contre tous), rien n'y fait, tout le monde veut récupérer ses billes. Quand le big boss se met en plus à émettre des doutes sur la fidélité de sa femme, on serre les dents pour ne pas entendre la détonation du revolver qu'il vient de découvrir dans son tiroir. Il faudra toute la pugnacité de deux de ses employés pour que des gens influents viennent déposer de l'argent et stopper cette hémophilie financière. En plus et ben, vous allez à peine me croire, mais il se réconciliera avec sa femme et on a un happy end de base de sa race...

Toujours une même dynamique de montage (incroyable comme il enchaîne les plans dans une même séquence, et même si tout american031gg_1_n'est po au millimètre dans les raccords, on lui pardonne devant une telle audace pour dynamiter son récit), des acteurs qui marchent à l'énergie se retrouvant constamment en mouvement même lorsqu'ils se retrouvent autour d'une table (petit bémol pour certaines postures et le jeu un tantinet arrêté de Gavin Gordon, le traitre, mais bon le bon vieux temps du muet n'est pas si loin...), un amour pour les 28èmes rôles, chacun ayant droit à sa petite mise en scène drolatique (du portier au balayeur en passant par la standardiste), une jolie amourette en filigrane entre Pat O'Brien en bon garçon et la très mimi Constance Cummings, et toujours cet optimisme forcené chez Capra qui d'un coup de baguette magique transforme les pires cauchemars américains en conte de fée. Un grand devant l'éternel.   (Shang - 02/03/07)


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Bah tout le Capra futur est déjà dans cette petite œuvre absolument charmante, qui vous fait passer 80 minutes les yeux écarquillés et un sourire de bonheur aux lèvres. Je confirme ce qu'en disait ce jeune adolescent de Shang (2007, ses premiers Lego) au niveau du rythme incroyable : Capra est vraiment l'as du montage, et sature ses scènes de petites idées géniales pour dynamiter l'action. Aussi à l'aise dans les petites séquences (la vie d'un bureau de banque, avec ses ragots, ses idylles, ses inquiétudes) que quand il faut envoyer du steak (la fameuse ruée, impressionnant grouillement de figurants tous dirigés au millimètre semble-t-il), il raconte son éternelle histoire humaniste, toujours aussi confiant en l'Homme, toujours aussi fanatique des contes de fées qui se terminent bien. Cette fois-ci, avant Gary, avant James, c'est Huston qui a en charge le ton mi-paternaliste mi-bienveillant envers les petites gens, implacable et cynique avec les puissants, entendu que ceux-ci sont bien moins fréquentables que ceux-là. C'est populiste dans le bons sens du terme, et jamais l'optimisme du maître n'est pris en défaut : la société est soigneusement séparée en deux camps, les bons et les dirigeants, et ce qu'il montre du bon côté ravit complètement : un univers rigolo où tous ont leur place, où on se balance des petites vannes en draguant les jolies filles, où le bon sens fait partie du cahier des charges, où justice, foi et bienveillance sont les maître-mots. De l'autre côté, celui du fric honni et des capitalistes immondes, les coups de boutoir sont violents, mais les gentils parviendront à leurs fins, à coups de bonhommie et de coups d'éclats. Tout, trahisons amoureuses, coups de pute des enfoirés d'actionnaires, indignations populaires, revers du sort, sera balayé dans un éclat de rire final, et le monde sera un peu plus beau. Merveilleux.   (Gols - 24/06/21)

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