SERIE : La Flamme de Jonathan Cohen et Jérémie Galan - 2020
Mouais amusant et léger comme un zakouski (mot compte triple), cette petite série ni vraiment faite ni tout à fait à faire. Jonathan Cohen se donne le premier rôle dans cette parodie de télé-réalité à la con type Bachelor, où un mâle dominant riche et con comme un panier doit séduire une flopée de dindes, les éliminant une par une pour finir par épouser la dernière. Dans le rôle d'icelles, il réunit un catalogue de stars piochées dans tous les genres, de Laure Calamy à Céline Sallette, de Leila Bekhti à Camille Chamoux, de Florence Foresti à Marie-Pierre Casey (dont on apprend à cette occasion qu'elle est toujours vivante, mazette), de quoi contenter cinéphiles et téléphages ; puis on appelle deux-trois potes bankables pour compléter le casting, Dedienne, Macaigne, Ramzy, Niney, Melki et envoyez le tout. Ça y va du gros gag qui tâche, de la farce entre potes, de la parodie écrite sur un bout de nappe bourré en fin de soirée, bref l'éclate payée par Canal, la hype les gars.
C'est parfois drôle, je ne dis pas, surtout dans les interventions du docteur Juiphe, psy à deux balles censé coacher notre célibataire, ou dans certains traits caricaturaux de ces demoiselles (Adèle Exarchopoulos en greffée au coeur de singe (...) est toute mimi). Cohen fait le taffe et est assez marrant dans sa crétinerie totale, beauf très fier de lui, l'acteur de télé-réalité dans toute sa suffisance, inculte, prétentieux, ringard, minable : il assume la chose avec une belle frontalité, et d'ailleurs la caméra n'oublie jamais de filmer sa plus petite expression de visage, visiblement très fan de lui (on me souffle dans l'oreillette que c'est Cohen lui-même qui a réalisé : sans commentaire). Bizarre, d'ailleurs cette mise en scène hyper-cut, qui court sans arrêt après les pitreries des acteurs quitte à finir en montage épileptique : il s'agit de ne rien rater, et comme les comédiens sont déchaînés, c'est dur de suivre le rythme. Mais bon : c'est marrant, jusque dans les excès, et le copiage presque à la lettre des formules de l'émisison de télé fontionne parfaitement : La Flamme est finalement très peu parodique, se contentant de pousser un peu plus loin les situations de base, sans vraiment se moquer du modèle. Un peu, toute comparaison gardée, comme OSS 117 de Hazanavicius. C'est plutôt dans la construction que ça pêche : beaucoup trop long, le film s'enlise bien souvent dans les pasages plus faibles (le prof de sport déprimé), dans le mauvais goût trop poussé (le personnage trans, la petite vieille, le "qui c'est qu'a pêté ?"). Ces 9 épisodes auraient pu être resserrés en 4, ça aurait été beaucoup mieux. On a un peu l'impression d'assister à un entre-soi pénible, où on aurait soigneusement ménagé un moment de bravoure à tous les guests, quitte à trousser en deux-deux des scènes pas bien finies. C'est d'ailleurs le sentiment qui perdure : celui d'une série bâclée rattrapée par le bagoût de ses acteurs. Sympa, mais à consommer avec modération.