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2 novembre 2020

Show Boat (1936) de James Whale

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On est dans la comédie musicale grand crin doublée d'un contexte interracial pas dénué d'intérêt. Whale est aux manettes et c'est la moindre des choses pour parler de ce bateau qui donne des spectacles au fil de l'eau (whale / eau ? Oui, c'est mauvais). Alors oui, on a droit à un bon petit paquet de numéros musicaux et faut reconnaître que pour un Paul Robeson entonnant un Old Man River d'anthologie, il faut se taper plusieurs duos entre Irene Dunne et Allen Jonas qui chantent à pleins poumons – mais vraiment à pleins, un truc dangereux... Ah c'est deux-là, si la terre entière n'est pas au courant qu'ils s'aiment, je ne vois pas ce qu'il faut faire... Ils se hurlent l'un sur l'autre leur amour avant de tomber dans les bras de l'un l'autre, à la ville (enfin, sur le bateau) comme sur scène (toujours sur le bateau d'ailleurs), et d’échanger un baiser fougueux. Au grand dam de la mère de l'Irene (la bouffonne Helen Westley, scandalisée pour un rien) et pour le plaisir de son père (le trublion Charles Winninger, qui sait que cet amour passionné, une fois sur scène (et ce même si sa fille joue comme une crécelle), va attirer les foules). La première partie du film, la meilleure sans doute, se concentre sur la petite vie sur ce bateau (avec des artistes qui vont et qui viennent), et la seconde sur le couple Irene / Allen qui part à vau-l'eau (et qui se transforme ensuite en véritable saga avec un père qui disparaît soudainement et leur rejeton qui devient artiste à son tour - le mélodrame a plus d'un tour dans son sac). Si on grince un peu des dents (sinon c'est pas politiquement correct) devant un petit numéro de black face et cette façon un brin ridicule de parodier une certaine façon de danser chez nos amis noirs, le couple formé par Paul Robeson (et sa putain de voix des tréfonds) et Hattie McDaniel (qui se fera trois ans plus tard emportée par le vent) livre quelques petits numéros comico-dramatiques (les petites tensions d'un couple, de bonne guerre) les mettant indéniablement sur le devant de la scène – et volant, plus d’une fois qu’à leur tour, la vedette aux visages pâles. Sur la chanson Old Man River, ça balance également sec sur le fait que les Blacks triment comme des bêtes pendant que les blancs se la coulent douce... Malheureusement exit Robeson dans la seconde partie pour se concentrer sur les petits malheurs des faces pâles...

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Whale prouve qu'avec un peu de moyens, il est capable d’envoyer la saue et n'est plus obligé de monter un monstre avec des bouts de ficelle... Même lorsque les chansons sont un peu tonitruantes, on peut prendre un réel plaisir devant ces salles de spectacle (sur le bateau ou sur la terre ferme) où le spectacle, justement, est autant dans la salle (bondée - un autre temps) que sur scène (la fille d'Irene notamment se produisant dans des productions ultra meuh-meuh avec plus de figurants que de libraires encore vivants - ce qui n'est pas difficile, c'est vrai). Des chansons, des personnages pas piqués des hannetons et des rebondissements à la pelle, les échecs et les déceptions succédant aux succès et aux amours, succédant eux-mêmes aux échecs et aux déceptions ou vice versa, bref ça brasse... On aime le dépouillement des scènes illustratives (les blacks au boulot) sur la chanson Old man River (décidément un grand moment) comme la folie délirante qui émane des scènes de spectacle dans la seconde partie. Alors oui, c'est un poil mélodramatique, le comique est parfois un peu troupier, les personnages en font un peu des tonnes (le one-man show de Charles Winninger qui joue sur scène plusieurs personnages lorsqu'un des acteurs tombe malade vaut tout de même son pesant de balles de coton tout de même) et le final est terriblement sirupeux (un happy end puissance dix). Mais vu la grâce de la mise en scène, la beauté des décors, cette putain de voix de Robeson et cette véritable déclaration d'amour aux artistes que constitue ce scénario, on ne fera point la fine bouche devant cette œuvre monstre (et marinement sonore) de Whale - qui ne manque pas de souffle, bien sûr.

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