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2 novembre 2020

Les Hauts de Hurlevent (Arashigaoka) (1988) de Kijû Yoshida

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Notre ami Yoshida s'attaque à l'œuvre phare d'Emily Brontë (dont peu d'adaptation m'échappent) en transposant bien entendu l'action dans un temps comme dans un lieu reculés au Japon. Les landes laissent la place à un décor de montagne volcanique pour le moins épuré comme pour traiter cette histoire passionnelle encore plus à l'os. Yoshida, en effet, laisse tomber également pour l'occasion les afféteries de son style (quelques cadres dans le cadre mais sans plus), comme pour mieux se concentrer sur ses personnages, leurs émotions, leurs envies, leurs désillusions... Sans oublier d’infuser des notions culturelles nipponnes, Yoshida livre une sorte de version shakespearienne du roman avec des individus à fleur de peau, pris dans le tourment de leurs obsessions, et avec un final relativement détonnant, des plus sanglants. On ne reviendra pas sur la trame de ce classique transposée dans ses grandes lignes par le cinéaste. La figure centrale reste ici celle du démon Onimaru (Heathcliff) : son amour absolu pour Kinu va mener toute une génération à sa perte – règlement de compte, morts dramatiques, bain de sang ; puis viendra l'espoir d'un éventuel renouveau avec la toute dernière génération.

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Histoire d'une attraction impossible, histoire de chair, histoire de mort, histoire de combats... L'histoire se met tranquillement en place en contant la frustration qui naît entre Onimaru et Kinu : ce fils adoptif ne peut prétendre à sa "demi-soeur" qui, de son côté, ne veut point quitter ce lieu d'origine pour devenir prêtresse. L'amour sera finalement consommé lors d’une nuit unique mais signera le début d'un cycle fatal, d'une sorte de malédiction... Si le rejet de Kinu envers Onimaru est un peu soudain ici, il est indéniable que cette séparation va rendre Onimaru définitivement dingue, encore plus sauvage... Cette histoire de chair sera suivie de deux autres entre Heathcliff et sa prétendante puis sa propre fille, deux liaisons beaucoup plus forcées qui virent au viol... Violence des sentiments qui se reflètent (belle utilisation du "miroir de main" qui rythme aussi les époques) dans cette terrible histoire entre Onimaru et Kinu après la mort d'icelle : cette soif d'Onimaru de revoir le corps de la femme aimée va le mener à la fréquentation du cimetière et va forcément le mener à la déraison... Si Onimaru se fera le bras de la vengeance (scène sanguinolente quand il s'attaque à des ennemis), ce même bras connaîtra une fin pour le moins originale... et tout aussi sanglante... Yoshida en mêlant finement la tradition nipponne à cette histoire d'amour exacerbée (ou les liens du "sang" explosent, en un sens) livre une version particulièrement noire de la chose, l'amour absolue et la haine ne cessant d'être convoqués dans ce bal (familial) de frustrations. Onimaru apparaît plus souvent qu'à son tour sous les traits d'un animal dont l'amour est à jamais inassouvi tandis que les femmes, Kinu en tête, sous leur dehors assez frêle, font preuve d'un caractère pour le moins déterminé – preuve en est l’ultime discours murmuré de Kinu pour évoquer sa vengeance post-mortem !!! Une histoire qui prend tranquillement son temps pour instaurer les rapports de force et qui finit par exploser à la tronche. Ardu parfois, à l'image de ce "décorum" dépouillé, mais relativement puissant lors de scènes-clés érotico-sanglantes. Un avant-dernier film pour son auteur totalement maîtrisé, sans gras, ténébreux et excellemment dirigé.

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