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21 septembre 2020

Notes d'une Chanteuse ambulante (Utajo oboegaki) (1941) de Hiroshi Shimizu

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Pas d'enfants (en tout cas pas au premier plan) dans cette œuvre de Shimizu qui se déroule au début du XXème siècle et suit les pas d'une actrice itinérante (histoire de tenter une petite variation sur le titre). Itinérante, d'ailleurs, pas tant que cela, car la donzelle, Uta (Yaeko Mizutani, moins pulpeuse que son homonyme, et plus vieille) aimerait bien arrêter de manger de la poussière. Elle fait part aux siens (le reste de la troupe) de son désir de faire une pause et sa proposition tombe dans l'oreille d'un homme assez âgé, à la tête d'une entreprise de thé : le type plutôt sympa et pas libidineux pour un yuan, lui propose de venir habiter chez lui pour qu'elle enseigne la danse à sa fille. Uta est d'accord et se place sous l'aile du vieux. Seulement voilà, pas de bol : elle est vite perçue dans cette contrée reculée comme une intrigante et non seulement les enfants du vieux la rejettent mais le village fait aller bon train les rumeurs sur la pauvre fille. Cerise sur le gâteau, le vieux meurt et Uta de se retrouver comme deux ronds de flan. Le fils aîné du vieux (l'incontournable Ken Uehara) revient pour les obsèques et se retrouve également tout désemparé : il se sent obligé de mettre fin à ses études tout en se sentant incapable de reprendre le business de thé (et les dettes) du pater ; il sait pourtant qu'il doit absolument s'occuper de son adolescente de sœur et de son jeunot de frère. C'est là qu'Uta, lors d'une discussion à la fois cash et pleine d'empathie, lui propose de s'occuper des gamins pendant qu'il finit ses études ; et si une opportunité se présente, éventuellement, elle sera là pour faire repartir le commerce. Uta part de très loin, est considérée comme un monstre par les gamins du village, est victime des pires on-dit mais elle s'accroche, pleine de bonne foi et de bonne volonté ; sa pugnacité risque de payer même si finalement ce n'est pas la vie qu'elle recherchait non plus...

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Il faut reconnaître que cela part un peu mollement, que les danses qu'exécute Uta au début du film sont soporifiques et qu'on s'ennuie un peu… jusqu'à la mort du vieux et l'arrivée du beau Ken - beau mais pâle... Le tournant a réellement lieu lors de cette discussion filmée d’un peu loin entre Ken et Uta (comme pour traduire la timidité d’Uta) : elle n'ose s'immiscer dans les affaires et la tristesse du fils orphelin mais prend son courage à deux mains et lui fait donc une proposition en or ; le pauvre Ken est tellement surpris qu'il se met à lui proposer le mariage ; elle comprend juste qu'il est un peu déboussolé, n'insiste point quant à cette idée farfelue et prend en main les commandes : Ken repart et elle est en charge des enfants... Shimizu nous sert alors un travelling de la plus belle eau, montrant Uta accompagnant le gamin à l'école, avec au premier plan, sur une colline, les jambes de tous les gens qui la toisent et fixent ce prétendu « monstre ». Plus d'une se serait enfuie, Uta résiste. Elle parvient même à renverser la tendance (les deux enfants se sont barrés pour aller vivre ailleurs, mais reviennent, se rendant compte qu'ils n'étaient pas si mal avec elle) et il faut voir sa joie (la caméra virevolte de pièce en pièce) quand elle voit les chaussures du gamin à l'entrée et qu'elle le cherche dans la maison ; elle sait qu'il est revenu et c'est le premier signe d'espoir dans sa mission : éduquer les enfants ; elle aura droit à un second coup du sort lorsqu'un américain vient prendre des commandes de thé ; Uta hésite, tergiverse mais prend finalement les choses en main et réussit à relancer l’entreprise… On sait que son audace et son courage mériteraient d'être reconnus et récompensés mais la chose qu'on n'a pas encore complétement intégré c'est que cette artiste 1) n'attend rien 2) reste éprise de liberté... On ne sait, jusqu'au bout, si on assistera à un final en forme de cul-de-sac (Uta la têtue) ou à un happy end (hip hip hip Utah). La copie a traversé la guerre mais on parvient tout de même à apprécier ces quelques séquences joliment pensées par Shimizu, qu'il s'agisse de discussions tendues ou de celles où l'héroïne traverse des moments de doutes ou s'initie enfin à la joie. Un récit avec son petit lot de rebondissements et de surprises, proprement mené. (Allez, puisque la rétrospective Shimizu s’annonce à l’horizon, je vous proposerai en bonus, d'ici quelques jours, une petite notule sur la filmographie du sieur et les films qui seront alors proposés à la cinémathèque, bande de petits veinards). A suivre, donc.

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