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Shangols
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19 mars 2020

Crépuscule sanglant (Red Sundown) de Jack Arnold - 1956

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Nos respects sont toujours acquis à Jack Arnold, auteur de quelques tout petits films charmants. Bon, avec Red Sundown, il ne gagne aucun galon, mais ne démérite pas non plus, et on lui sait gré de nous en donner gentiment pour notre argent, professionnellement et sans crânerie. Le gars s'exerce une nouvelle fois au domaine du western, et s'en sort classiquement en nous donnant notre lot de cow-boys crasseux, de duels tendus, de petites pépées girondes et de méchants ricanants. On apprécie même beaucoup la première partie, qui nous offre quelques détails originaux qui laissent espérer un film très personnel : un hors-la-loi qui erre dans le désert, une renconre avec un type qu'on imagine être le méchant de l'histoire, leur embringuement dans une sombre histoire, et une fusillade autour d'une bicoque qui va renverser toutes nos croyances. Le hors-la-loi (solidement interprété par Rory Calhoun) s'avère être un type en pleine phase de rédemption, convaincu de l'inanité de l'emploi des armes ; le méchant en question (formidable James Millican) s'avère un gars plein de noblesse d'âme, lui aussi harcelé par le remords d'avoir été un tueur sans merci ; et la fusillade, qui se termine par un incendie purificateur, s'avère magnifiquement montée, et se termine de façon spectaculaire : pour s'en tirer le héros s'enterre sous la baraque avec un tuyau de poêle pour respirer, ce qui lui donne l'occasion d'un superbe plan où il ressort de terre façon zombie, renaissance physique autant que morale qui va marquer toute la suite du film.

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Après cette intro superbe, on espère une grande chose. Mais le film devient un peu pépère par la suite, se contentant de l'éternel combat entre la justice (notre Alec Longmire est engagé comme shérif adjoint d'une petite ville) et les bad guys, ceux-ci étant endossés par le sirupeux Rufus Henshaw et le sadique Chet Swann (Grant Williams, une révélation à la James Dean dans la scène hyper tendue où il s'invite à la table des gens qu'il va torturer). Ou, si vous préférez entre les braves éleveurs du coin, concons mais indignés, et le tout-puissant propriétaire qui leur spolie leurs terres. Entre les deux camps, Longmire essaie de garder sa neutralité et ses convictions morales, de tirer un trait sur son passé sanglant tout en se faisant respecter, ce qui n'est pas simple. Son amour pour la fille du shérif (Martha Hyer, pas mal du tout) va l'aider à choisir son camp, et tout ça va se terminer, sous la musique tonitruante et noble de circonstance, par un duel très rapide entre les deux as de la gâchette que sont Longmire et Swann. Bon. La grande qualité de la chose, c'est les acteurs, tous impeccables, dirigés avec soin et ayant tous leur petite scène à jouer pour exister. Ils sont tellement bons que tout passe, la médiocrité du scénario, le manque de style de la mise en scène, la rareté de l'action. Et puis, autre excellente idée : les deux mômes qui regardent tout ça de loin commentant les moindres faits et gestes des grands, tel un choeur antique ou des seconds rôles shakespeariens, et qui représentent le contre-point du héros : obsédés par la violence et le panache, ils vont apprendre qu'il est bon aussi de ranger les flingues. Longmire, lui, l'a compris depuis longtemps, n'a plus rien à prouver, et joue de la carabine (dont j'ai appris à l'occasion qu'elle était une arme un peu honteuse à utiliser face à un flingue) sans aucun scrupule, dans une jolie tentative de détruire les clichés du cow-boy intrépide et crâneur. On appréciera donc ce western relativement banal mais joliment photographié et interprété pour ce qu'il est : un divertissement de samedi soir, ou de confinement obligatoire.

GreekChorus

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