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19 mars 2020

LIVRE : Le Pays des Autres de Leïla Slimani - 2020

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Le Maroc. Après-guerre. Un Marocain de retour la guerre, justement, revient sur ses terres, sur son terrain (pour le cultiver) auprès de son épouse qu'il a connue quelque part dans l'est de la France. Un récit qu'il nous semble avoir déjà lu par le passé : la difficulté pour faire sortir quelque chose de cette terre ingrate, les tensions franco-marocaines (au sein de la Colonie comme au sein du couple), la tradition, la modernité, etc... On a l'impression en effet de connaître un peu d'avance les diverses étapes que devra affronter ce couple au cours des années 50 : comment cette Française parviendra à s’adapter en terre étrangère (les sorties sont... aussi rares que lors d'un confinement), comment le mari réussira à extraire un revenu de ses terres sans se ruiner (physiquement et financièrement), quel camp choisir pour ce couple mixte - si tant est qu'il faille choisir un camp entre ces Français dominants et imbus d’eux-mêmes et ces jeunes Marocains résistants. La grande qualité de Slimani réside finalement non pas tant dans le fond (c'est joliment détaillé, l’histoire et l’Histoire se mêlent gentiment) que dans la forme : la chose, reconnaissons-le, se lit avec une fluidité extrême et le bouquin se gobe en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

Mais du même coup, après coup, qu'en retient-on ? Il y a bien ce beau portrait de femme, Mathilde donc, qui s'accroche à cette petite vie loin de tout : difficile de ne pas sombrer entre l'éducation des gosses et un mari peu démonstratif ; Mathilde a beau romancer sa vie dans les lettres qu'elle envoie en France, lorsqu'elle y retourne le temps d'un enterrement, la pauvrette ne peut s’empêcher de s'écrouler, de craquer... Il s'en faut de peu d’ailleurs pour qu'elle n'envoie balader mari et enfants pour tenter de repartir à zéro. Mais la bougresse trouvera les ressources nécessaires pour faire front et repartir dans ce Maroc de plus en plus agité politiquement. Une femme forte donc, subtilement dessinée. Mais c’est vrai que sur l’ensemble du livre, c’est un peu léger.  Belle petite écriture, dirions-nous en conclusion, très lisse, mais un roman qui avouons-le, ne laisse finalement que peu de trace en bouche... Cela ne nous empêchera pas malgré tout de nous plonger dans la suite, si suite il y a... (Oui, on en est plus à une contradiction près).

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