Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
18 mars 2020

LIVRE : Le Pouvoir du Chien (The Power of the Dog) de Thomas Savage - 1967

61nEYargOqLBien, nous voilà de retour après une petite escale malgache plus longue que prévue, pas désagréable en soi, attention, mais qui nous a mis sacrément en retard (sept chroniques à écrire, imaginez du peu... et je ne vous raconte même pas au niveau profess..., non tiens, je ne vous raconte pas). On commence donc avec ce que l'on peut qualifier de pêché mignon shangolien : l'écrivain du Montana. Je ne connaissais point ce Thomas Savage et c'était un tort tant cet ouvrage, éminemment inscrit dans son décor, nous présente des personnages relativement forts et une intrigue bigrement finaude. Le héros, en premier lieu, qui mène d’une main de fer ce ranch au côté de son frère (type grassouillet un peu benêt - mais sensible), est terriblement haïssable : certes il est cultivé et connaît son affaire mais le gars cumule au fil des pages diverses tares : raciste (un bon indien est un indien qui tousse), homophobe, misogyne, imbu de sa personne, ce sombre con se croit constamment bien au-dessus de son entourage. La première victime est son frère qui ne trouve rien de mieux que de se marier avec une jolie veuve... Notre héros, habitué aux coups bas, va prendre en grippe la veuve et le fils d'icelle... Avant de changer de stratégie et d'amadouer ce dernier (le fils à sa môman) pour tenter d'isoler la mère qui a un petit penchant pour la bouteille... Mais attention, à malin, malin et demi...

On se dit au départ que Savage joue un peu sur du velours en prenant comme héros le stéréotype même du cowboy : un caractère fort comme un bison et taillé dans du granit. Seulement voilà, grâce à divers indices laissés ici ou là par l'auteur, on se met à avoir un petit doute sur la réelle personnalité du héros : ne serait-il pas, en fait, avec cette façon si particulière de porter aux nues ses anciennes amitiés viriles et de jouer les fiers-à-bras, le type même de l'homo refoulé ? L'idée fait son petit bonhomme de chemin et quand on le voit tout faire pour tenter de justifier à lui-même  ce "rapprochement" avec le fils de la veuve, on comprend qu'on a visé juste ; derrière cette façade d'abruti, il y a une véritable sensibilité mais une sensibilité impossible à avouer, à s'avouer… On pensait malgré tout que notre gars, en voulant "manipuler" le fils de la veuve, jouait dans du beurre (sans jeu de mot) et il va tomber sur un dur à cuire (jeu de mot cette fois-ci)... Le récit, diablement retors, n'en finira pas de préserver des surprises et c'est pratiquement au dernier mot, en apprenant à lire entre les lignes, qu'on comprendra le fin mot de l'histoire... Savage, derrière ce récit des grands espaces (qu'il sait également joliment mettre en scène) nous livre au final divers portraits psychologiques à la fois d'une grande finesse et d'une évidente profondeur ; si le caractère des personnages principaux est subtilement exposé au fil des aventures, des situations, on découvre en chacun d'eux un secret qui met beaucoup plus de temps à se dévoiler - et créer une sorte de suspense que l'on ne soupçonnait pas au départ. Savage livre un roman qui nous donne notre petite dose montanesque mensuelle tout en chiadant subtilement sa trame. Magnifiquement construit et bougrement intelligent.

Commentaires
Derniers commentaires