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28 mai 2019

Été 93 (Estiu 1993) (2017) de Carla Simón

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Voilà un petit film espagnol estival dans sa lumière mais plombé par la perte, l'absence, la mort (une petite fille de six ans part passer l'été chez son oncle et sa tante (et leur petite fille) après avoir perdu sa mère... après son père). Quand je dis « plombé », ce n'est pas vraiment le cas, puisque de sa mère, on en parle peu, tout comme des causes de sa mort qu'on apprend sur le tard... Mais cette menace est là, cachée, et c'est bien, l'air de rien, tout du long, à un deuil qu'on assiste. La belle réussite de la réalisatrice c'est d'avancer sur des œufs (il y a justement une scène dans un poulailler, tout se tient) en captant son héroïne par petites saynètes (ses jeux (parfois limite) avec l'autre bambine moins âgée qu'elle, ses petites joies, ses doutes, ses caprices, ses silences), par petites touches (on a parfois l'impression que le fil scénaristique repose sur un rien), avant de nous cueillir comme un fruit bien mûr dans les dernières secondes (ultime scène savamment mise en scène et une dédicace finale qui tombe comme un coup de marteau sur notre tête).

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Simón a l'art de "planquer" sa caméra pour donner l'impression que l'on prend chaque scène sur le vif et c'est forcément tout à l'honneur de sa mise en scène subtile tout comme sa direction de (très jeunes) actrices : la chtite Frida (Laia Artigas) est tout bonnement formidable et son duo enfantin avec la chtite Anna nous ramènerait presque à l'alchimie estivale de L'Effrontée (Charlotte étant alors plus âgée, certes). Frida, forcément tarabustée par la disparition de sa mère (les scènes avec la Sainte-Vierge - ses espoirs, ses désillusions), joue à l'enfant un peu mal aimée, jalouse d'Anna (qui a encore ses deux parents) et incomprise (elle ne cesse de provoquer sa "deuxième maman" - l'histoire du verre de lait, symbole un peu facile il est vrai). Le film possède une certaine grâce (Frida battant la campagne et jouant avec un naturel bluffant), pourrait presque parfois tendre vers l'ennui (il y a moins de rebondissements que dans Game of Thrones, par exemple - ah, Anna s'est cassée le bras !!! Oulala) mais finit par toucher au moment, finalement, où on s'y attend le moins (un changement d'humeur de Frida qui exprime parfaitement toute l'insouciance de cet âge tendre et tout son désarroi intérieur intersidéral). Du coup, on se dit que cette Carla Simón a réussi à l'économie son pari : nous faire toucher du doigt l'esprit bouleversé d'une gamine - bouleversante presque malgré elle. Bien joué.

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