Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
11 mai 2019

The Killer (Die xue shuang xiong) de John Woo - 1989

arton2947-1450x800-c

Tsui Hark à la production, Chow Yun-Fat en tête de casting, John Woo aux manettes : on est assuré dès le départ qu'on ne va pas avoir droit à un film de Claude Sautet, et qu'on va devoir subir des assauts d'effets impossibles et des surenchères de chaos. Il y a des moments où ça fait du bien. Bon ceci dit, le scénario, tout de même, ne se démarque pas par son intelligence, ni même d'ailleurs par son originalité : un tueur professionnel exagère un chouille sur son nouveau contrat, en dézinguant 813 figurants hurlants au lieu des 476 prévus. Au passage une balle perdue rend une jeune fille en fleurs aveugle, ce dont notre bon gars, qui est tueur mais a un bon coeur et une conscience professionnelle inentamable, ne se remet pas. Il prend la nana sous son aile, en tombe amoureux, et décide de remplir un "dernier" contrat afin de payer les frais d'hosto pour lui faire recouvrer la vue. C'est sans compter sur une bande de malfrats ricanants lancée à ses trousses (le reste des figurants, qu'on va envoyer ad patres avec un beau sens de l'effort) et un flic pugnace lui aussi décidé à en découdre. Au milieu des explosions et des colombes qui volent, des ralentis et des saltos arrière, flic et truand auront le temps de sympathiser (puisque, on le sait, chacun est le revers de la médaille de l'autre) et de cumuler leur force de frappe pour venir à bout des vilains surarmés et sans pitié. Voilà, c'est basique, concon et pas passionnant, mais on s'en fiche un peu puisque l'intérêt de la chose ne réside pas dans la beauté de ses dialogues ou la pertinence de son récit, mais dans la façon de Woo de filmer ces corps flingués qui volent gracieusement dans les airs.

class-11

Et de ce côté-là, Dieu merci, on en a pour notre argent. Woo est un grand fan d'action, et réduit à la portion congrue toutes les autres scènes, celles intermédiaires, celles où il n'a pas l'occasion de faire virevolter des gusses. Et heureusement : il se montre totalement incompétent pour filmer une histoire d'amour cohérente ou l'amitié naissante entre les deux interprètes principaux (le film vire au buddy movie entre Chow Yun-Fat et Danny Lee, le flic étant fasciné par l'espèce de pureté professionnelle du tueur : c'est peut-être l'aspect le plus intéressant du truc, mais ça ne va pas très loin), accumulant les clichés doloristes ou dirigeant ses acteurs au plus rapide dans des scènes vidées de sève. Quand notre tueur se repose un peu de ses combats dantesques, il se voit donc contraint d'inventer quelques intrigues parallèles pour continuer à fighter, sentant bien que la repos n'est pas son truc. Mais quand ça canarde, on est bien obligé de s'incliner devant le sens du spectacle de Woo : les gunfights durent des heures, et le gars sait toujours renouveler la façon de faire mourir les bad guys, ajoutant là un gun attrapé à la volée, ici une horde de méchants qui tombent du ciel, inventant une série de formes de plus en plus abstraite façon Peckinpah suractif. Ce qui est le plus beau et le plus virtuose là-dedans, c'est que, au milieu du chaos total, l'action reste toujours très lisible : on pèse la douleur de chaque balle, on repère chaque acteurs dans l'espace, on trouve toujours la logique de tout ça. Bon, c'est vrai que du coup, on note aussi les invraisemblances, mais bon, on ne va pas demander à John Woo d'être crédible quand même. Tout ça fait un film plein de bruits, de fureur et de yaaaargh furieux, tout à fait plaisant à regarder, mis en scène en maître si vous aimez les effets voyants, du divertissement parfait de dimanche soir, malgré tous les défauts qu'on peut y trouver (musique infâme, acteurs nazes, réflexion aux vestiaires, personnage féminin simplet réduit à ses cris de dinde...)

killerimage111

Commentaires
Derniers commentaires