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29 novembre 2018

To sleep with Anger (1990) de Charles Burnett

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On ne cesse de revenir au drame familial : Burnett n'a peut-être pas un esthétisme bluffant (décor de sitcom, pas d'effets de caméra pour la galerie, image un peu cradingue) mais sait comment faire monter la tension au sein d'une famille. Vous prenez une bonne vieille famille black américaine, deux enfants mariés avec enfant (l'aîné, le fils parfait, le cadet, le mouton noir branleur), et vous introduisez un drôle de quidam, éminemment sympathique ou subtilement diabolique : Danny Glover. Danny dont le passé est plus que trouble (il serait relié à plusieurs disparitions de jeunes types blacks mais semble bizarrement être passé à travers les radars : malin, le Glover) va faire littéralement exploser cette petite famille plutôt bienveillante en quelques jours. Picoleur, hâbleur, superstitieux, charmeur, notre homme va se révéler très vite une véritable malédiction au sein de la famille : engueulade, rupture, maladie soudaine, Danny Glover est un vrai chat noir dont il serait peut-être temps de se débarrasser avec la venue d'une tragédie...

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Le film va son petit bonhomme de chemin, développant tranquillement ses personnages, faisant monter les points de dissension lors de diverses  discussions, jusqu'à ce que la situation soit bien mure et explose... Faut-il vraiment passer par toutes les émotions, même les plus rudes, même les plus intolérables, pour savoir apprécier son bonheur ? On peut se poser la question. Il y a, en fil rouge, un gamin des voisins qui ne cesse de jouer comme un pied de la trompette... avant de jouer pépère son morceau sur le générique de fin. Le parallèle est forcément facile entre ce joueur amateur et cette famille qui va passer par tous les troubles, tous les doutes avant de retrouver une certaine sérénité, une certaine "fluidité". Glover, derrière son franc sourire carnassier, écrase un peu ce petit monde par sa sympathie (for the devil ?) coulante, obséquieuse, par sa façon de demander poliment les choses comme pour mieux se vautrer dans la paresse, dans l'assistanat, l’opportunisme. Il embobine surtout, au passage, le cadet qui, sans repère, trouve enfin quelqu'un qui semble vouloir le considérer. Il en sera pour ses frais, le jeune gars, totalement aveuglé par ce Danny qui le retourne comme un gant (le côté Glover si vous voulez). Alors oui, on frôle la pièce de théâtre filmée, oui Burnett n'est pas du genre à aimer les effets de manche cinématographiques pyrotechniques ; il y a malgré tout ici un vrai savoir-faire pour donner du relief à chacun des individus de ce drame tendu et pour réussir à produire une figure résolument infernale sous des abords "souriants". Une "sitcom" beaucoup plus "maline" qu'elle en a l'air en surface.    

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The Criterion Collection

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