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Shangols
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26 février 2018

Ça s'est passé en plein Jour (Es geschah am hellichten Tag) de Ladislao Vajda - 1958

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Bah un petit polar de dimanche d'hiver, ça ne fait jamais de mal. Ce film ne restera peut-être pas dans les mémoires, mais il fait preuve d'une grande honnêteté dans le traitement, et est irréprochable dans chacune de ses inspirations, ce qui est déjà beaucoup. Dans un paisible canton suisse, une fillette est retrouvée assassinée. Très vite les soupçons (infondés) se portent sur le vieux colporteur du coin (Michel Simon, in deutscher Sprache), parce qu'il est français, original, solitaire et a traîné aussi dans des coins où d'autres meurtres de gamines ont été constatés. Seul le valeureux inspecteur Matthäi (Heinz Rühmann) ne veut pas croire à ce coupable facile. Il monte alors un patient piège pour dénicher le vrai coupable, quitte à s'enfermer dans une logique policière brutale, à perdre son boulot et à utiliser les gens pour arriver à ses fins. Le gars, droit dans ses bottes, obsédé par le "tueur au chocolat", parviendra-t-il à mettre la main sur le monstre, même s'il faut pour cela envoyer la petite blondinette de service au charbon ? Spoiler : oui.

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La partie documentaire de la chose est particulièrement soignée : depuis les interrogatoires de la police convaincue d'avoir déniché le suspect idéal jusqu'aux recherches minutieuses et laborieuses, depuis la longue période de piétinements jusqu'aux coups de chance qui font entrevoir l'issue de l'enquête, on suit avec intérêt ce film plutôt réaliste, qui prend en plus le soin de nous rendre des atmosphères crédibles et des personnages attachants. Ces ambiances de forêts profondes, tranquilles, presque magiques à la manière des contes pour enfants, la description de cette petite vie paisible de village que viennent polluer les rancoeurs encore bien ancrées de la guerre, tout sonne juste, et est renforcé par le jeu subtil, sobre de Rühmann : le gars est une bête de travail, patiente et insensible, et l'acteur interprète avec intelligence ce personnage assez antipathique, concerné uniquement par la recherche de la vérité, et qui oublie au passage l'aspect humain de son travail. Certes, on entrevoit bien, ça et là, le potentiel de certaines scènes, et on se met à rêver de ce que Hitch ou Lang auraient pu en faire : la séquence où le flic croise sans le savoir l'assassin lors d'un embouteillage avait une force dramatique que Vajda n'entrevoit qu'à moitié, et ce n'est pas la musique tonitruante qui parvient à rendre toute la tension et l'inventivité de la scène. De même pour ce méchant (Gert Fröbe, parfaitement moite), beau personnage d'ogre inquiétant avec ses marionnettes et ses bonbons en chocolat, qui aurait mérité un autre traitement que celui, fonctionnel, qui lui est attribué. Mais on se console de ces failles en regardant avec plaisir la très jolie lumière, le soin apporté aux ambiances, les beaux décors de campagne tranquille en surface mais monstrueuse dans le fond, et le jeu parfait des acteurs, Simon en tête : il n'a qu'une demi-heure, mais il est génial en petit mec un peu veule, un peu concon, doté d'une tronche d'assassin idéal, complètement sacrifié sur l'autel du coupable à tout prix, et qui s'enfonce peu à peu dans l'abandon. Un joli film très honnête.

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Commentaires
T
Heinz Rühmann ne viendrait-il pas de faire son entrée sur Shangols ?
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