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25 février 2017

Libera mon Amour (Libera, amore mio !) (1975) de Mauro Bolognini

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On va finir par comprendre que j'ai une indéniable petite faiblesse pour Mauro Bolognini même si certains de ses films de la décennie seventies m'ont un peu moins charmé. Ici, on est dans du grand classique mélodramatique : une femme, fille d'anarchiste, qui n'a pas sa langue dans sa poche, va traverser la seconde guerre mondiale (ou pas) sans jamais vouloir renier ses convictions ; on serre dès le départ des fesses au niveau de la "reconstitution historique" et de la leçon de moral à venir. On a tort, parce qu'on a sans doute oublié deux choses au passage : d'une part c'est Claudia Cardinale, diablesse toute de rouge vêtue qui fait la nique aux chemises noires dès la première séquence, qui incarne ce rôle de femme libre (normale quand on s'appelle Libera Anarchia) et d'autre part parce qu'on a l'ami Mauro Bolognini aux manettes, un cinéaste qui semble bénéficier d'un budget à la mesure de ses ambitions pour soigner justement l’aspect historique (au niveau des décors comme des figurants) : Claudia Cardinale demeure au centre de l'histoire mais peut évoluer dans un cadre très réaliste sans jamais pour autant se laisser enfermer dans la lourdeur de cette reconstitution.

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Cette dernière, bien qu'attachée à son mari, couturier travailleur et discret, et à ses deux enfants, ne perd jamais l'occasion d'ouvrir son bec face à un représentant du pouvoir, provoquant scandale sur scandale. La petite famille ne cesse de déménager de ville en ville, son mari ayant à chaque fois la patience de repartir à zéro... Jusqu'au scandale de trop : les fascistes descendent dans leur appartement pour rechercher un prisonnier politique... que Claudia cache au grenier (et pour lequel elle a un petit faible... Une histoire d'amour qui ne veut pas dire son nom et qui ne le dira jamais, démontrant par là-même que la Claudia a aussi ses petites faiblesses). La police ne parvient pas à le trouver mais la Claudia sera quand même jugée pour trafic de faux-papiers : cinq ans d'exil... auprès de son père, champion du monde toute catégorie de la résistance face à tout pouvoir (un anarchiste pur et dur opposé à toute institution - dont celle du mariage). Alors que la guerre fait rage, Claudia sera évacuée de son île d’exil et pourra rejoindre son mari ; des retrouvailles brèves puisqu’elle rentrera rapidement (comme son fils, fidèle aux idées de sa mère) dans la résistance auprès des partisans : une jeune femme qui n'a pas froid aux yeux dans ce monde d'hommes et qui n'est pas à l'abri de se faire arrêter... On tremblera pour elle jusqu'au bout...

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Un récit somme toute classique qui ne révolutionnera pas le cinéma mais qui contient des personnages très attachants (le père de Claudia (Adolfo Celi) par son jusqu'au-boutisme et son mari (Bruno Cirino) par sa discrétion et son dévouement pour sa femme) et qui permet à la Claudia, rayonnante de beauté et modèle de pugnacité, de trouver un rôle à sa juste valeur : elle incarne la parfaite héroïne incapable de renier ses convictions et combattive jusqu'au bout ; elle fait preuve d'un panache admirable de bout en bout, même si elle reconnaît elle-même faire preuve parfois d’une certaine inconscience dans ses décisions : elle a en elle l'ADN de son père et rien ne le fera bouger d'un iota dans ses combats. On n'est pas dupe des ficelles de la chose mais la Claudia parvient à faire tomber les moindres réserves que l'on pourrait avoir envers ce personnage de wonder woman : totalement investie dans son rôle et ultra crédible dans ses rapports chaotiques avec son mari, la belle nous donnerait envie de manger des chemises noires au petit déjeuner. Bref, une vraie réussite du Mauro qui montre qu'il en a encore sous le pied dans le fond et dans la forme plus de vingt ans après ses débuts... et qu'il sait surtout toujours aussi bien filmer les femmes.

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