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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
9 juillet 2020

Truffaut/Godard, Scénario d'une Rupture (2016) de Claire Duguet et Arnaud Guigue

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On ne s'en lassera jamais de nos deux compères, de cette lutte fratricide qu'ils eurent, de leur amour du cinéma - souvent similaire par rapport aux cinéastes vénérés -, de leur façon  d'en faire - diamétralement opposée. On pourra toujours préférer l'un, Godard, ce cinéaste "plasticien" de génie, l'autre, Truffaut, ce cinéaste de l'âme de génie, l'important restera toujours que chacun d'entre eux a suivi une voie qui lui était propre, sans concession aucune à leur conception de l'outil cinématographique. On retiendra de ce doc de bonne tenue (avec des intervenants de choix : Assayas, Amalric (qui a mis dans Tournée des bouts de la fameuse lettre de discorde de Truffaut à Godard - avec le fameux "comportement de merde sur un socle" dont je devrais faire usage plus souvent : honte à moi d'ailleurs, je ne m'étais point rendu compte de la référence lors de la vision du film), de Baecque, de Givray, Stevenin, Karmitz...), on retiendra donc, disais-je, plusieurs petites choses : une petite phrase amusée de Karmitz regrettant de ne pas avoir appris avec Truffaut la façon de raconter une histoire : la façon d'en détruire une, il l'avait déjà appris au côté de Godard ; les deux clashs "historiques" entre nos deux grands hommes qui sont précisément retracés (après 68, dans la façon d'envisager le cinéma - Truffaut refusant notamment de participer à Loin du Vietnam, convaincu qu'un film ne changerait pas le monde ; après La Nuit Américaine et l'échange de lettres vindicatives qui s'en suivit - "merde sur un socle", je ne m'en lasse plus) ; cette petite phrase de Truffaut - après les prises de positions politiques d'extrême extrême gauche (on pourrait dire maoïste aussi, c'est vrai) de l'ami Godard - rappelant que dans ses propres films de "bourgeois" du XIXème (L'Enfant sauvage pour n'en citer qu'un) il était question d'individus qui tentaient toujours d'aller vers la culture : en disant cela, il en profite pour égratigner ces gosses de riche (qui sont tombés dans la potion culturelle tout petit - cling cling notre ami Suisse) qui tentent de se dresser aujourd'hui contre un système après avoir eu la chance de consommer tout leur dû de culture – eh bing ; ce face-à-face dans les seventies par œuvre interposée sur la thématique de l'enfance (L'Argent de Poche vs France Tour Détour deux Enfants : le côté "protecteur", spectateur émerveillé de Truffaut vs le côté "caustique", titilleur de Godard) ou encore en 81 aux Césars (Le dernier Métro vs Sauve qui peut (la Vie) : l'écrasante victoire de la Truffe et un Godard, blême, disparaissant dans son fauteuil en mousse, rêvant d'applaudir ce triomphe seulement d'une main si c'était possible)... Un combat larvé, finalement, chacun restant solidement sur ses positions jusqu'au tombeau (surtout pour l'un, le mortel). Sinon, soulignons la présence d’images d'archives et d’interviews (plus ou moins rares) qu'il est toujours sympa de voir ou de revoir (Godard et Truffaut à Cannes en 68, en particulier) : en un mot un doc de qualité pour initiés ou non, forcément trop court.   (Shang - 17/05/16)

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Trop court, oui, ou peut-être même un peu simpliste au bout du compte. Je ne nie pas les nombreuses qualités du film relevées par mon truffaldien de camarade, et j'entends bien que les bougres se sont efforcés de relever quelques différences dans le cinéma des deux cinéastes pour expliquer leur différend. Mais je trouve la démonstration assez peu convaincante, en tout cas pour la part esthétique de la chose : oui, Truffaut et Godard se situaient chacun de part et d'autre du spectre politique, le Suisse à son bord gauche le plus extrême et le plus exalté, l'autre à son versant le plus droitiste, disons le plus réac même ; oui, la célébrité galopante du deuxième, opposée à la mise à l'écart volontaire du premier, a dû éveiller la morgue de Godard et sa haine ; oui, le nombre d'entrées de chacun d'eux a pu déclencher les dissensions ; oui, le caractère de cochon de Godard, son goût pour la polémique, et sa tendance à tout saccager dès qu'on lui tend la main, ont pu provoquer ses insultes ; oui, la réserve de Truffaut, son côté lisse, et sa vision fantasmée du cinéma mise en oeuvre dans La Nuit Américaine ont dû exacerber les dissensions. Mais, réellement, qu'est-ce qui différenciait, voire opposait les deux cinémas ?

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Une fois de plus, le documentaire échoue à parler véritablement de cinéma ; peut-être parce que finalement il en est très peu question dans ces chamailleries de collégiens ; mais aussi parce que Duguet et Guigue ne savent pas mettre des mots sur les différences artistiques entre les deux. Il ne suffit pas d'opposer superficiellemet les visions des enfants chez l'un et chez l'autre (on pourrait d'ailleurs discuter cette opposition : Godard utilise les enfants dans Tour Détour, c'est un fait ; mais Truffaut les regarde-t-il réellement avec la tendresse que notent les réalisateurs ? revoyez L'Argent de Poche, ou même L'Enfant sauvage) ; il ne suffit pas de noter que Truffaut n'a pas voulu pratiquer un cinéma engagé quand Godard fonçait tête le première dedans. Plutôt que de creuser, de parler technique, philosophie, concepts, les deux réalisateurs se perdent dans des détails inutiles (le fait qu'Amalric ait utilisé la fameuse lettre dans son film, ou l'interview de Gilles Jacob, complètement hors sujet), et oublient par exemple de citer l'épisode sur La Nouvelle Vague des Histoire(s) du Cinéma, ou les interviews radio de JLG dans les années 80, qui creusent eux une vraie réflexion sur le cinéma des deux ex-camarades. Du coup, leur film est plaisant mais superficiel et reste dans l'anecdotique.   (Gols - 09/07/20)

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Commentaires
V
Voilà. C'est ça. Les 2 Anglaises, sans tous ces tics narratifs, ce "je vois le cinéma comme art total" qu'on nous martèle implicitement à chaque plan, ça aurait pu, peut-être pu talonner le David Lean de Ryan's Daughter. Et si au moins il était agréable à l'esgourde, le Truffier... genre Noiret ou Lonsdale (il faut sans doute être très grand et grassouillet pour avoir ce timbre subtilement mielleux et apaisant, en tout cas ça marche du tonnerre dans un petit chef-d'oeuvre d'animation comme celui-ci https://www.youtube.com/watch?v=7Rn6trL3-54). Mais non: quand il parle il a cette voix molle, monocorde, empressée, ennuyeuse, bref, un cauchemar à l'écoute.<br /> <br /> Après, okee, il sait tenir une caméra. Bon. Soit. Mais, hum... comment dire... haem... ce satané charbonneux à l'image ! On dirait que dès le tournant 69/70, tous les chefs-op ont subitement avalé des cendriers pleins... celui de Truffaut a lui carrément ingurgité du fraisil, tant la "colorimétrie" (j'ai bon ?) est moche et granuleuse !! Et ce sera pas beau comme ça (du moins chez la Truffe) au bas mot jusqu'à La chambre verte.
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B
Okee dokee. <br /> <br /> Le problème avec Truffaldo, c'est son penchant énervant à vouloir littératurer à tout prix (blablas pompeux en effet, voix off illustrative, ad nauseam, emphase de certains dialogues, etc). <br /> <br /> On doit lui reconnaître cependant une manière de filmer fort gracieuse (même s'il plagie des séquences entières à ses maîtres, ça, au fond, on s'en tape). Mais trop dommage qu'il fige tout, et fiche tout par terre ( à peu près aussi souvent) en littératu-ronronnant au-delà du ridicule. <br /> <br /> Les Deux Anglaises sont le must et le pompon dans le genre...
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D
Ah, la Truffe et le Godillot... toujours aussi mortellement ennuyeux, pour ma part. J'ai pourtant essayé un peu de rabiot de l'un, encore récemment (L'enfant sauvage, Deux Anglaises et le continent, La chambre verte) mais rien à faire, constat sans appel. La monotonie plombante, le ton constamment affecté, l'envahissante voix-off du réalisateur avec son timbre nasillard et sa diction précipitée, l'image charbonneuse... bref, tout cela m'évoque un cinéma terriblement vieillot et rasoir qui ne peut qu'avoir fait son temps. Je retourne chez Ophuls et Renoir !
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