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10 juillet 2020

Soleil Ô (1967) de Med Hondo

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Il n'y a pas de racisme en France, si on fait abstraction des remarques quotidiennes antisémites, anti-blacks ou anti-arabes. Dès 1967, le Mauritanien Hondo porte un jugement pour le moins critique sur le peu de considération de nos amis les blancs sur nos amis les Africains. Dès la scène d'ouverture, on sent le peu de cas qu'il est fait des blacks : après avoir baptisé des Africains d'un prénom français (une scène culte pour Zemmour), on les voit marcher ensemble en portant leur croix, puis ils retournent la croix (jolie petite idée de mise en scène) qui devient une épée : les voilà prêts à s'entretuer sous les yeux d'un militaire pleinement satisfait. Le ton est donné. Il y a les blancs, les animaux et puis les personnes noires comme le rappelle dans le film un des personnages... On suivra les pas d'un Africain dans la capitale : victime de discrimination pour trouver du boulot (le mécano, le teint plein de cambouis, qui refuse de prendre notre ami comme comptable), parqué dans des taudis, regardé de travers dans la rue, on ne peut pas dire que l'intégration soit particulièrement facile pour notre ami qui était persuadé d'arriver en terre d'accueil. Comme l'explique longuement un bon vieux blanc entrepreneur, le noir est utile pour servir de main-d’œuvre à bas coût et faire le boulot que le blanc refuse de faire... Au-delà de ça... L'Afrique peut certes, au mieux, s'avérer utile en écoulant les produits que l'Europe lui fournit. Une séquence particulièrement terrible montre nos noirs prendre des cours pour s'adapter en France : comme ces couillons ne comprennent jamais rien (ils partent chercher quelque chose sans savoir de quoi il s'agit), on leur donne des leçons sur ce qu'est une scie, un tournevis et surtout un balai, toutes sortes de balais... De la condescendance à l'humiliation pure et dure. L'autre séquence du film surement tout aussi terrible, est celle où on voit notre héros se promener dans la rue avec une compagne blonde : la scène, que l'on devine tournée en caméra cachée, nous montre nos bons vieux blancs, hommes et femmes, se retourner sur le couple en prenant une mine pour le moins abasourdie... Hondo ne peut s'empêcher de mettre en bande sonore des cris d'animaux de la ferme (de la volaille aux cochons) pour traduire les cancans bestiaux qui doivent alors bouillir dans les cerveaux de nos passants. Ouais, on n'a pas fait pas le plus dur...

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C'est filmé droit, sans avoir besoin de faire des chichis, et le portrait des Parisiens, des Français vivant sur la capitale n'en sort pas grandi. Notre héros finira par s'échapper dans la forêt : peut-être que le Français de la campagne vaut plus le détour que le Français des villes ?... Oups, Hondo décide de nous montrer un couple avec leur trois gamins, trois gamins mal éduqués qui montent sur la table, jouent avec la nourriture et ce sans même que les parents réagissent... Notre black finit par s'enfuir, en hurlant toute sa détresse, dans les bois... Le chemin est encore bien long pour qu'une cohabitation sereine soit possible. Un film en forme de portrait à charge qui ne fait que reproduire un sentiment légitime de rejet... Med Hondo met les pieds dans le plat et montre un tableau plutôt noir de ces Gaulois rarement accueillants (seul Bernard Fresson, lors de la scène du chanteur black dans le restaurant, fait montre d'un peu d'humanité envers ses frères humains - un peu maigre). Ô Soleil noir, Ô misère. Un film au goût amer qui n'a malheureusement pas beaucoup perdu de son acuité sur la société française. Dur.

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