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14 août 2007

Sauve qui peut (La Vie) de Jean-Luc Godard - 1980

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On est dans le très grand Godard avec ce film étrange et d'une sombre poésie, qui doit figurer à coup sûr dans la liste des meilleurs films du gars. De toute façon, j'aime beaucoup la période 80's de JLG.

Sauve qui peut (La Vie) s'organise en quatre mouvements musicaux, dans lesquels Godard aborde des thèmes très intimes : la rupture, les rapports sexuels, le contact physique, la violence des relations homme/femme, le mouvement. Autour de trois personnages magnifiquement dessinés (Huppert, la pute consentante et triste ; Baye, la femme libérée et dure ; Dutronc, le cinéaste amer et violent) se déploie une symphonie de sons et d'images heurtés, et la richesse du résultat laisse béat d'admiration. Les divers ralentis et arrêts sur image qui jalonnent le film sont d'une beauté totale, et jamais peut-être Godard n'avait fait montre d'une aussi grande sensibilité "minérale" dans son utilisation des techniques du cinéma. Ce film est d'ailleurs un de ses plus simples, de ses plus abordables, le gars laissant libre cours à une approche plus frontale de la sentimentalité. Du coup, une amertume poignante jaillit de ces images arrêtées, de ces sons hyper-organisés, de la belle musique de Gabriel Yared (quatrième personnage du film assurément). Les rapports humains sont traités en opposition avec la technique cinématographique, et pour une fois le scénario et les dialogues épousent complètement la forme même du film.

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On devrait citer chaque idée, chaque fulgurance dans cette oeuvre homogène et lumineuse : la jeune fille qui reçoit des gifles en pleine rue au ralenti, les trains truffaldiens qui traversent l'écran à intervalles réguliers, les extraits de livres qu'on entend de temps en temps en fond de bande son (grosse influence durassienne), l'humour qui se dégage de plusieurs plans ou du jeu de Dutronc (dans ses rapports avec sa fille notamment)... Mais la plus belle scène sans doute, sorte de pierre de touche de tout le cinéma de JLG, est celle du quatuor sexuel organisé par le patron triste à la moitié du film : il met en place toute une mise en scène des corps, en réglant d'abord l'image, puis le son, pour enfin lancer une création où chaque être participe à un jeu de domination et d'émotion. Avec cette scène, Godard fait son coming-out de démiurge, et déclare son amour au cinéma, art qui mèle cruauté, technique, beauté et sentiment en un seul jet. Formidablement porté par des acteurs fantasques et profonds, Sauve qui peut (La Vie) est un des films les plus intimes et les plus tristes du maître.

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