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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
10 mars 2015

Quand vient la Nuit (The Drop) (2014) de Michaël R. Roskam

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Gols l’a lu, Shang l’a vu, c’est ce qu’on appelle un travail d’équipe. On serait trois, on serait plus emmerdés pour se partager le travail. Alors sinon, que vaut ce petit polar ? J’avouerais volontiers que j’y allais un peu à reculons, l’affiche n’ayant rien de particulièrement attractif. Eh bien j’avais tort. Voici un noir moderne parfaitement maîtrisé : maîtrise dans le jeu (Tom Hardy n’a pas l’air fute-fute mais faut se méfier de l’eau qui dort ; Gandolfini en molosse qui veut se la jouer fine tire une belle révérence à sa carrière), maîtrise dans les dialogues (on prend le temps de poser certaines discussions et de débattre de sujets ontologique (Gandolfini déblatérant sur la vie « ratée » de Tom, une vie qui n’a jamais réellement commencé) ; la meilleure discussion, sans ironie, restant sans doute un coup de fil où aucun des interlocuteurs ne prononce un mot : big tension), maîtrise dans la narration (plusieurs histoires de petits malfrats s’entrecroisent : mais l’on ne cherche jamais à multiplier les personnages ou les intrigues pour le plaisir - tout trouve peu à peu, intelligemment, sa place, son sens), maîtrise dans la forme (une image très propre qui ne cherche pas à se la jouer « style »), maîtrise dans le rythme (le réalisateur prend le temps de poser ses personnages et sait placer ici ou là quelques accélérations sanguinaires sans jamais chercher à glorifier la violence gratuite).

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Du coup, on prend plaisir à suivre ce personnage incarné par Tom, un être aussi maladroit avec un clebs qu’avec une donzelle. Le type est un taiseux, relativement pataud. On ne lui confierait pas ses œufs et pourtant le gars n’a rien d’un débile profond malgré son côté renfermé. Si le type n’ose épater la galerie, prendre le dessus, c’est surement pour les mêmes raisons qui font qu’il n’ose aller communier. Il cache en lui un lourd passé, dont il n’est pas forcément fier, mais avec lequel il cherche à se dépatouiller du mieux qu’il peut. Qu’il se fasse chambrer par les clients ou provoquer par une sorte de doux dingue,  il ne cherche jamais l’affrontement, tente de gérer calmement. Après, il a comme tout le monde un certain seuil de résistance… Le réalisateur belge ne cherche pas à se noyer dans l’hémoglobine (une belle flaque suffit) ou à tomber dans la surenchère scénaristique (un ou deux épilogues bien gérés) ; le fait est que l’on ressort de la chose ravigoté en se disant que ce réalisateur n’a pas cherché à nous prendre pour des jambons ; le type fait son taff d’artisan du genre le mieux possible et avec une belle humilité : drop transformé.

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