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3 février 2015

Listen up Philip (2015) de Alex Ross Perry

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Un petit film ricain (vu en salle, oui, cela faisait bien dix ans... allons, n’exagère pas vieux pirate…) qui semble venir d'une autre ère : une sorte de comédie sympathique nimbée de misanthropie que l'on aurait oublié au fond d'un tiroir depuis les années 80. Bavard, le film surprend avant tout... par son petit côté passéiste : pas de téléphone portable à chaque plan, ni d'ordi (il y a même une machine à écrire, fusil), on se demanderait presque parfois si l'ami Perry est bien notre contemporain. Au-delà de ça, reconnaissons que l'on ricane souvent (Jason Schwartzman est, il faut le reconnaître, en grande forme ; Jonathan Pryce, quant à lui, se lâche grave) même si les remarques machistes ou, comme je le disais, misanthropiques fusent... C'est d'ailleurs sans doute là, sans faire sa chochotte, que le film pêche un peu : avoir un personnage détestable (et fier de l'être), c'est tolérable, en avoir deux (Jason et Jonathan suivent les mêmes sentes...), cela finit par être un peu lourd. Face à ces deux mâles écrivains taillés dans le même bois (noueux), il y a une tripotée de femmes aux rôles plus ou moins consistants. L'histoire, elle, vous l'aurez compris, n'est que secondaire, il s'agit avant tout de s'intéresser aux états d'hommes (deux ours plus patauds que vraiment méchants) face à l'écriture, la vie, les femmes... vaste programme traité avec une pointe de causticité mordante.

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Si les élucubrations du jeune Jason, personnage se cherchant, trouvant pour un temps un point d'ancrage chez son aîné mal luné (mais toujours à la recherche d'une certaine reconnaissance) Jonathan, peuvent faire plus ou moins sourire (parfois un peu jaune, notre homme ne se montrant guère diplomate avec la gent féminine), avouons que ce gars qui n'a rien de vraiment sympathique (ah l'ego...) finit par avoir quelque chose d'attachant - l’ironie constante, la dégaine et le regard noir de Schwartzman aidant. Heureusement, face à lui, face à cet être stressé et stressant, Perry ne néglige point de suivre la trajectoire de sa toute première compagne (the wonderful madwoman Elisabeth Moss, toujours juste, même dans les scènes les plus casse-gueule). Personnage beaucoup moins imbu de sa personne, l'Elisabeth tente, en solitaire - si ce n'est son gros matou qui joue au petit poil -, de se reconstruire. Tentant de faire fi des éternels retours au bercail de ce Jason infidèle, elle arrive peu à peu à retrouver une certaine assurance. Beau portrait de femme dans cette œuvre où le mâle agace. Il est dommage que les autres personnages féminins (la sublime fille de Jonathan ou cette caricaturale Française, professeur d'université) manquent, eux, un peu de consistance, d'épaisseur. Perry abandonne en route ces différentes figures de femmes - ne sait-il plus quoi en faire ? -, pour revenir sur les traces erratiques de son héros hésitant - et un peu perdu. Chouette petite comédie ricaine incisive qui semble résolument datée d'un autre âge mais qui, paradoxalement, n'est pas exempte d'une certaine fraîcheur dans le paysage cinématographique US actuelle. Me pencherais d'ici peu, avec une certaine confiance, sur le précédent opus de ce gars Perry, Colour Wheel.    

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