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16 janvier 2013

Les Chemins de la Gloire (The Road to Glory) (1936) de Howard Hawks

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Le dernier Hawks visionné m’avait laissé sur ma faim - et dans la brume -, The Road to Glory, admettons-le, m’en a donné pour mon grade. Histoire d’amour (une femme, deux hommes : le trio diabolique…), histoire de guerre (les hommes font plus figures de chair à canon renouvelable à l’envi que de véritables grands guerriers en route pour la gloire…), histoire de liens familiaux (un père sous les ordres de son fils : pour le meilleur et pour le pire…), que du lourd.

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On est donc au temps de la Grande Guerre, celle où les poilus portent bien leur nom, en 1916 exactement, une année pleinement dédiée aux tranchées… Ambiance de caserne et apparition divine dans la « chambre du Commandant » (Warner Baxter) avec la présence de l’alanguie June Lang (inconnue au bataillon pour ma part jusqu’alors, nous avons rapidement fait connaissance). C’est une jeune infirmière, c’est un homme fatigué (qui mélange au quotidien aspirine et alcool), elle semble prendre soin de lui (plus ange gardien qu’amante a priori), il semble prendre soin d’elle (de façon un peu paternaliste, vu son âge, mais elle est bien apparemment la seule chose qui le retient encore à la vie). Seulement voilà, un soir de bombardement, les jambes de June passent devant un soupirail (Truffaut en aura-t-il des réminiscences inconscientes dans, notamment, Vivement Dimanche, possible…), du sous-sol s’échappe une mélodie, elle cherche refuge auprès de ce pianiste qui joue sous les bombes, elle lui résiste même si l’on sent déjà que d’incontrôlables liens se tissent entre eux… Il s’agit forcément du nouveau lieutenant (Fredric March) qui va être aux ordres du Commandant, les deux hommes aimeront la même femme jusqu’à ce que. C’est la guerre, on se rassure en se disant que la boucherie quotidienne devrait bien se charger de régler ce problème cornélien pour June (faire un choix entre l’homme auquel elle doit tout et l’amour de sa vie), fatalement…

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Ces problèmes sentimentaux planent sur l’ensemble du film (scènes joliment romantiques, sirkiennes tenterai-je, entre March et June autour du piano, retrouvailles chaleureuses entre nos deux tourtereaux dans une église transformée en hôpital, rencontre en catimini et dans le noir entre nos deux amants qui ne veulent pas s’avouer qu’ils sont fait l’un pour l’autre…) même si Hawks fait surtout la part belle aux scènes entre poilus (camaraderie lors des discours et des chants, camaraderie dans les tranchées où l’ambiance est tendu comme un slip allemand en teflon ; un boche creuse en "sous sous-sol" pour mettre une mine : l’ordre est donné à la troupe sur les dents de rester en position pour ne pas laisser le champ libre à l’ennemi… ), camaraderie lors des attaques (festival d’explosions dantesques sans que l’on aperçoive jamais vraiment l’ennemi - juste un plan sur des éclopés qui se rendent). Ces hommes, aux yeux de Hawks, ont un comportement d’un héroïsme inattaquable, le seul problème étant que ces héros n’ont d’autres choix que de se reproduire à la chaîne - la gloire est en effet souvent synonyme de mort …  

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Hawks ouvre un troisième front dans son film avec des relations père-fils peu banales (un vétéran de la dernière guerre qui s’engage, malgré son âge, sous les ordres de son fils…). D'un côté, du respect que l’on doit à son père (doublé de celui que l’on doit au soldat héroïque), de l'autre, de la soumission que l’on doit montrer à son supérieur hiérarchique quand bien même celui-ci est sa progéniture. Hawks nous mène de la pure comédie (l’ordre du retour à l'arrière du patriarche qu’il parvient « subtilement » à détruire) à la pure tragédie (le final « oedipien ») et nous livre un portrait de deux hommes pleinement au service du drapeau finalement assez touchant. Quant à l’histoire d’amour, aura-t-on un fondu au noir ou improbable happy end ? Toujours est-il que l’ami March marche dans les pas de ce Commandant : surement une bonne nouvelle pour la patrie, pas forcément pour son équilibre mental. Excellent Hawks parfaitement réussi sur tous les fronts - avec en prime des dialogues de Faulkner de la plus belle eau.

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