LIVRE : Rendre la Raison populaire de Michel Onfray - 2012

J'ai pour ma part pas mal de sympathie pour Onfray, ne serait-ce que par son petit ton libertaire qui m'a toujours séduit. Avec ce petit essai, il tente de définir précisément ce qu'est L'Université Populaire telle qu'il l'a créée il y a une dizaine d'années, ou plutôt de définir ce qu'elle n'est pas. Si au niveau de la profondeur des pensées, on reste un peu sur sa faim, il y a de savoureux passages qui montrent parfaitement, en creux, la sorte de tête de cochon salutaire qu'est notre compère Onfray. Ca manque d'épaisseur, certes, et ce n'est même plus un livre de philo ; c'est un peu dommage de voir ce livre réduit à une sorte d'exposé s'apparentant à une préface, où l'auteur fait son VRP en vantant les mérites de son invention. Mais tout de même : on ricane aux attaques en règle contre tout le monde, profs de philo, auteurs reconnus, philanthropes gauchistes et baba-cools voulant rendre la culture accessible, animateurs de café-philo, profiteurs de la manne de la "sagesse pour les Nuls", Philippe Sollers, etc etc. Systématiquement, Onfray se définit contre eux, les laminant en quelques phrases pour mieux mettre en valeur son utopie à lui : créer un enseignement gratuit, élististe et pointu mais misant sur l'intelligence et le partage, ouvert à tous, hors des sentiers battus et des programmes scolaires, visant à améliorer la vie concrètement, et surtout amenant à "faire la révolution sans prendre le pouvoir". Car derrière ce programme faussement innocent, derrière ces phrases pleines de bon sens presque naïf, on sent que bout la soif de révolution chez Onfray : éduquer tout le monde, c'est combattre l'ignorance et préparer ainsi la révolte. Le livre est un peu oubliable, dans son écriture comme dans son sujet, mais il nous montre un auteur presque intimement, auteur qui a rarement été aussi direct et simple dans son style ; on le ferme avec l'utopie des lendemains qui chantent vissée au coeur, et l'envie d'écouter l'intégralité des enregistrements de l'Université Populaire : c'est bien assez pour mériter la lecture.