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7 novembre 2012

Safe in Hell de William A. Wellman - 1931

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Bah oui, c'est vrai, Wellman est sûrement un "petit maître", mais cette série de petits films des années 30 comporte suffisamment de petits bonheurs pour mériter le détour. Safe in Hell est moyen, un peu ennuyeux, vraiment cabossé niveau scénar, mais ma foi, l'érotisme torride de son interprète principal, le joli portrait d'une communauté et quelques scènes particulièrement réussies suffisent à notre bonheur, et on passe un bon petit moment devant la chose.

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Encore une fois, la vitesse d'exécution de Wellman est effarante : il commence toujours ses films sur les chapeaux de roue. Ici, c'est un meurtre, commis en deux temps trois mouvements : en, quelques secondes, on apprend tout du passé de la pulpeuse Gilda Carlson (Dorothy Mackaill, aaaargh), prostipute abandonnée à la convoitise des hommes, et on imagine pas mal son passé : en tuant un ancien amant, elle sera obligée de prendre ses (longues) jambes à son cou, ou voir celui-ci pris dans un noeud coulant. Ni une ni deux, son marin d'amoureux (Donald Cook, aussi expressif qu'une sole meunière) l'emmène dans le "Hell" du titre : une île caribéenne où la loi n'entre pas, et où la bougresse sera à l'abri. Malheureusement cette île est peuplée des hommes les plus concupiscents de la terre, et les jambettes de la Gilda vont lui attirer bien des tracas. C'est le contexte même qui est vraiment intéressant dans cette histoire : l'essentiel de l'action est concentré sur un hôtel miteux où sont venus se perdre tous ces criminels minables en fuite. La galerie de personnages, des vieux bavants aux espions à deux balles, des bourreaux suants aux tueurs inquiétants, est belle à voir, surtout quand tous ces hommes pleins d'hormones s'installent sur leurs chaises pour assister l'oeil torve à la descente d'escalier de Gilda : un vrai spectacle pour eux, un grand moment de dégoût pour le spectateur, qui assiste à une sorte de sacrifice humain, la belle étant littéralement abandonnée aux regards de ces hommes. Wellman concentre tout sur ces quelques mètres carrés de décor, et il filme très bien cet enfermement, cette torpeur (le titre est bon, c'est vraiment "la sécurité au milieu de l'enfer"), cette nervosité qui s'empare peu à peu des esprits et des corps. Ca culmine avec une fête échevelée où tout le monde se lâche, grand moment d'érotisme moite qui vaut à lui seul tout le film.

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Ces scènes très réussies font oublier les défauts du reste, notamment les scènes mièvres avec l'amoureux (bonne idée pourtant que ces baisers échangés, que l'on devine à travers les planches d'un bateau, mais pas assez développée, qui tombe un peu à l'eau au final) ou ce final rocambolesque, complètement illogique et exagéré (qui pourra m'expliquer pourquoi la bougresse s'accuse d'un meurtre qu'elle n'a pas commis, alors qu'elle avait mille autres façons d'éviter le viol ?). Wellman y va fort sur le mélodrame dans la dernière bobine, et pas sûr qu'il ait raison, tant il est plus habile sur la comédie pure, le portrait ou le polar.

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