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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
14 juillet 2012

Louise-Michel de Benoît Delépine & Gustave Kervern - 2008

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Avant de trouver le magique équilibre entre potacherie et poésie dans Mammuth et Le grand Soir, nos compères Delépine et Kervern ont tâtonné, c'est bien normal. Louise-Michel est un moment sympathique, assez drôle, dérangeant aussi un peu, mais c'est encore très loin des films "adultes" (adjectif qui les ferait sûrement frémir) qu'ils réaliseront après. Encore trop empêtrés dans le style Groland, trop avides de rentrer dans le cercle très surestimé des cinéastes belges provocateurs, les gars tombent trop souvent dans le pur gag pour être vraiment convaincants. Le film est une suite de sketches inégaux, parfois fulgurants, parfois fatigants, qui peine à constituer véritablement un film. Pourtant, il y a déjà tout le soufre libertaire des réalisateurs dans cette histoire d'ouvrières qui engagent un tueur à gages pour descendre leur patron, et on applaudit vraiment devant la frontalité de certaines séquences : cette réunion de collègues qui cherchent à savoir ce qu'elles vont faire de leur prime de licenciement, les errances de Moreau et Lanners dans un village de préfabriqués, les transactions pour engager ce tueur miteux, on se marre bien devant les insolences du bazar. Mais c'est surtout devant les séquences moins directement drôles qu'on est épaté : quand on engage pour honorer le contrat une cancéreuse au dernier degré qui tient à peine debout, le rire se tord et on sent à quel point le film sait aller loin dans la gêne et le grincement : voir cette jeune fille au visage légèrement handicapé (Miss Ming, actrice récurente et étonnante), la tête rasée, vêtue d'une robe de petite fille désuette, viser un patron affreux avec son flingue en s'écroulant sur le trottoir, c'est une image qui ne vous quitte pas. Admiratif donc devant cette radicalité de ton, qu'on retrouve d'ailleurs dans la mise en scène (abondance de plans fixes soigneusement cadrés, couleurs crasseuses anti-commerciales au possible).

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Dommage, donc, que le film se fourvoie la plupart du temps dans des situations de comédie pas finaudes, jouées au rabais par des têtes d'affiche plus venues en copains qu'en acteurs : Kassovitz, Poelvoorde, Katerine ou Salengro apportent certes le cachet décalé d'usage, mais ne servent à rien d'autre qu'à boucler des séquences poussives et pas super drôles. Yolande Moreau commence à fatiguer avec son jeu unilatéral de débile légère. On a parfois l'impression d'une bande de potes qui s'amusent entre eux, et c'est pénible. Surtout, Delépine et Kervern tombent assez vite dans le piège qu'ils éviteront plus tard : ils sont sans arrêt supérieurs à leurs personnages, les regardant de haut pour s'en moquer grassement. Du coup, ils ne font que tirer les fils de marionnettes schématiques, et nous demandent de rire méchamment avec eux plutôt que de tenter de nous mettre à hauteur de ces prolos pitoyables. Ca gâche tout, malheureusement, et même si on salue cette façon de conspuer tout le monde à égalité, patrons et prolos, on est gêné que le rire se transforme en sarcasme. En partie raté, donc, mais prometteur, puisque.

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