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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
26 février 2016

Il était une Fois en Amérique (Once upon a Time in America) (1984) de Sergio Leone

"- Qu'est-ce que tu as fait pendant toutes ces années ?
- Je me suis couché tôt." - Noodles

"Il est 22h25 et je n'ai plus rien à perdre." - Max

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Le film que j'amènerai sur une île déserte ? Sûrement, même si cela s’avérerait un peu couillon sans télé, lecteur ou électricité. J'ai dû voir ce film en boucle dans ma prime jeunesse et j'ai passé pratiquement quatre heures à manger de la madeleine. Incroyable le nombre de séquences que je connais sur le bout des doigts, ma préférence allant encore et toujours à l'heure consacrée à l'enfance des cinq personnages : la danse de Déborah (Jennifer Connelly dont je me suis tapé par la suite un bon paquet de films... juste par fidélité à ses amours de jeunesse...) avec le "cafard" dans les toilettes, la charlotte à la crème et cette "cochonne" de Peggy, la rencontre entre Noodles et Max avec la montre à gousset... Je pourrais m'étendre pendant des pages et des pages sur les séquences inoubliables de cette œuvre et cela deviendrait sûrement un peu pénible à la longue. Bon, alors pour po trop vous embêter sur ce film que, j'imagine, tout le monde connaît par cœur - sinon c'est un tort - juste deux ptites choses : tout d'abord le côté "proustien" (la citation de Noodles forcément) et le rapport en général au temps (Il était un temps en Amérique serait sans doute une traduction plus fidèle, quand on y songe...) et ensuite on essaiera humblement de voir dans quelle mesure ce film est comme une sorte de mise en scène de toutes les joies et surtout de toutes les déceptions d'une vie.

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Once upon a Time in America constitue déjà, au niveau de la forme, un véritable labyrinthe temporel : on commence le film pratiquement au milieu de l'histoire avant d'assister à un véritable festival de flashs-forward et de flashs-back ; Leone dynamite les repères temporels mais on suit malgré tout avec une grande fluidité (surtout après l'avoir revu une bonne dizaine de fois, certes) les trois âges de Noodles : l'enfance (la vision de Deborah par le "trou rectangulaire" dans les toilettes : une sorte de film qu'il ne cessera de se repasser toute sa vie, une sorte de temps "suspendu" que le vieux Noodles, en "montant" sur les toilettes, ne pourra s'empêcher de vouloir retrouver ; la rencontre avec Max qui se fait forcément par le biais d'une montre ; la mort de Dominic et ce sublime et seul ralenti du film comme une vision cauchemardesque qui hantera Noodles toute sa vie), l'âge d'homme après douze années perdues en prison et déjà passées à ressasser les souvenirs d'enfance (dès son retour à la vie, à la liberté, Max lui "offre" un cadavre - temps éternel, figé - qui se ranime au contact de Noodles : ce sera tout le drame de la vie de Noodles, cette volonté de vouloir ranimer le passé (en amour ou en amitié) ; la fameuse séquence en ouverture et en conclusion de Noodles fumant de l'opium, seul état léthargique qui lui permet d'oublier le présent pour se plonger dans les délices de ses rêves passés) et enfin la vieillesse (ses "retrouvailles" avec Deborah ("Le temps ne pouvait la flétrir" peut-on lire sur l'affiche d'Antoine et Cléopâtre de Shakespeare dans sa loge : l'éternelle jeunesse du souvenir de cette femme, au moins dans l'esprit de Noodles) puis celle avec de ce Max qu'il se refuse d'appeler justement par son nom ("Mister Bailey" se plaît-il à répéter à l'envi, le Max de ses souvenirs, du temps de leur amitié, étant mort pour lui depuis longtemps). Le personnage de Noodles ne se complaît point véritablement à effectuer une "recherche du temps perdu", son enfance constituant plutôt un temps béni qu'il sait malheureusement perdu à jamais...

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Tout le parcours, à l'âge adulte de Noodles, semble être une inévitable suite de désillusions, de déceptions, de ratages : le viol de Deborah dans la voiture ; il tente d'en prendre "possession" une bonne fois pour toute... et la perd définitivement ; la trahison de ses comparses : alors qu'il veut les sauver (mieux vaut quelques années en prison, se persuade-t-il, plutôt que d'aller au carnage en attaquant la banque fédérale), il les mène à leur perte... La tragédie de Noodles, c'est qu'il ne peut rien garder, sauvegarder - en amour comme en amitié : le présent et le futur lui semblent définitivement "inaccessibles", c'est un homme piégé à jamais dans le passé, la période des espoirs, des rêves, autant de choses qu'il ne pourra jamais concrétiser... Et le grand problème c'est que notre homme en est diablement conscient, aucun acte ne pouvant venir changer quoi que ce soit - lorsque l'ambitieux et jaloux Max se vante de lui avoir "volé sa vie" et pousse Noodles à se venger, celui-ci ne sait que trop bien qu'il ne tirera aucune satisfaction de cette vengeance, ayant fait le deuil depuis longtemps de toute satisfaction : il n'est là finalement que par simple "curiosité", tout autre sentiment l'a déserté depuis bien longtemps... A l'image de ce syndicaliste "aux mains blanches" corruptible en un tour de main, le film baigne dans une sorte de noirceur d"illusions corrompues". Tout se perd, rien ne se crée, ne reste que des images flottantes du passé enfui, enfoui que Leone tente d'exhumer, de retrouver, de transmettre (sur une musique moriconissime et un petit air, incontournable, de yesterday)... Le film ultime ? Allez, lâchons-nous, d'autant que cela n'engage à rien, on est le 1er avril. (Shang 01/04/12)

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Il était une Fois en Amérique (Once upon a Time in America) (1984) de Sergio Leone : Extended director's cut

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Je crois que je pourrais réellement revoir ce film en boucle... Le prétexte, cette fois-ci, ne fut point la version Blue-Ray mais la fameuse "extended director's cut" avec tout au plus une vingtaine de minutes ajoutée, une poignée de scènes. Il y a tout de même parmi ces scènes remontées deux trois aspects intéressants (même s'il est bien dommage que la qualité de l'image de ces "ajouts" soit si faible : cela fait vraiment parfois « pièce rapportée » cherchant à se greffer sur le film). Il y a notamment ce long passage où De Niro, après le viol de Déborah (le summum de l'auto-sabordage de Noodles), va dans les bras de Eve (cette blonde un brin salope croisée la première fois lors d'un hold-up) : Noodles, blindé, décide de la nommer Déborah pour avoir une sorte de véritable nuit d'amour par procuration ; seulement là encore, le pauvre Noodles rate cette "seconde chance" : il s'endort avant même d'avoir pu pénétrer cette Eve-Déborah - l'impuissant Noodles face à son destin. Il y a une autre scène, vers la fin du film, où on le voit assister au spectacle de Déborah jouant Cléopâtre sur scène (elle se donne la mort sous ses yeux, une belle métaphore de leur histoire d'amour avortée) : la scène est également un "reflet" de celle où Noodles lorgnait la toute jeune Déborah depuis "la lucarne" des toilettes - Déborah reste définitivement le grand fantasme de Noodles, comme une image de la perfection projetée sur un écran qu'il n'a jamais pu rejoindre, dont il n'a jamais su être digne.

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Sur la toute fin, il y a une autre séquence qui ne manque pas d'intérêt entre le sénateur Bailey et le fameux syndicaliste : ce dernier veut faire signer au sénateur une sorte d'arrêt de mort, une sorte de solde de tout compte (avec un « envoyé de Faust » ? Ouh là, ne nous égarons point). Max-Bailey, contrairement à Noodles souvent un peu penaud, même dans les moments les plus cruciaux, garde la tête haute, reste fier : pas question de flancher, de s'avouer vaincu, même au moment de sortir. Max a décidément un aplomb de tous les diables (et une fin résolument infernale... on pourrait d'ailleurs évoquer le "gouffre" dans lequel il se jette lui-même pour en finir) alors que le gars Noodles (loin d'être parfait (le viol notamment… tout de même, sans parler des meurtres…) mais payant toujours le prix fort pour ses péchés (la peine de prison, entre autres)) semble, lui, promis au paradis (tout de moins on l'espère, après la vie de merde qu'il a eue) : dans une autre séquence ajoutée (la visite au mausolée), la responsable des lieux lui demande s'il ne voudrait pas créer son propre "paradis" (en faisant référence à son propre lieu de repos) ; insidieusement, cela renforce cet éternel antagonisme entre ces deux frères "ennemis", l'un semblant promis au ciel, l'autre à l'enfer - ce qui est bien avec ce film, c'est qu'à chaque fois, on essaie de trouver un autre angle d'approche, de creuser une nouvelle "thèse" : comme pour se justifier de le revoir pour la douzième fois.

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Pour conclure (sinon je sens que je vais repartir pour deux pages), ce qui me sidère littéralement, c'est la façon dont on est pris à la gorge à chaque scène (beauté des décors, de la musique (à l'époque Morricone savait encore écrire des thèmes mélodieux : aujourd'hui, il est juste bon pour Tarantino), justesse du jeu des acteurs (Putain De Niro, quand même, à cette époque... et dire que depuis 20 ans, il enchaîne bidule sur bidule... le gâchis, le gars)...) alors qu'on connaît l'œuvre par cœur... Cela m'effraie, franchement. Dès que l'on revient sur les premières scènes d'enfance, j'y retombe moi-même - c'est absolument fascinant... Bref, le meilleur film de ces quarante dernières années voire des ces quatre-cents dernières années ? Je mets une option. (Shang 26/02/16

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Commentaires
G
Je me demande si, à la fin du film, Noodles ne sourit pas à force d'avoir tant échappé à lui-même? En tout cas c'est très fort, un immense acteur ce De Niro qui est un des rares dont le regard peut me faire penser, à travers ce rôle, à des gens que j'ai connus, le regard de quelqu'un que la vie a mis à terre, qui n'attend plus rien, mais qui a aussi acquis une sagesse (et dans le film, pour moi la scène du viol c'est pour mettre cet amour à une distance définitive, c'est volontairement suicidaire). <br /> <br /> "T'es vraiment qu'une nouille, Noodles", puis il sourit... Il sourit et je ne pense pas parce qu'il replonge enfin dans ses souvenirs mais parce qu'au fond du fond il a échappé à lui-même et c'est pas plus mal (les autres ont tout de même mal fini).<br /> <br /> Merci pour ces articles, pour ce qui est dit du temps, de cette phrase sur le fait qu'il s'est longtemps couché tôt, cette rencontre avec la montre, etc..., j'ai vu le film hier, et dès le début on est dans le regret, ça touche, c'est puissant. De Niro adulte est déjà en train de se promener dans les lieux de son enfance, comme c'est chargé! ça dit tout dès le départ et c'est ça la leçon, il me semble, on cherche ensuite à comprendre et le film nous y aide, mais Sergio Leone nous prévient que c'est un film sur les regrets, sur les souvenirs qui chargent un homme et l'empêchent d'être à lui-même. Comment a-t-il pu faire un film pareil ? Un film sur le cinéma, on regrette tout le cinéma en regardant Once upon a time in America, c'est terrible !
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M
Alors tenez, Gaëtan, ce cadeau : <br /> <br /> https://www.franceculture.fr/dossiers/nuit-sergio-leone-par-albane-penaranda
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G
De cette œuvre testamentaire, de cette somme, j'ai lu la plupart des écris en langue française.<br /> <br /> D' une part, parce qu'il est classé au panthéon de mes films préférés.<br /> <br /> D'autre part, parce qu'il n'a pas révélé - à mes yeux - tous ses secrets. Tout chef d’œuvre qu'il est !<br /> <br /> Qu'importe sa durée, c'est pourtant pas faute de l'avoir visionné...plusieurs fois ! <br /> <br /> D'ailleurs, à chaque plaisir d'une nouvelle vision, je découvre un détail ou l'autre qui ne m'étais jamais apparu auparavant.<br /> <br /> Malgré ,si je puis dire, mon acharnement, mes questions demeurent toujours en suspend !?!<br /> <br /> Alors, vous qui comme moi êtes certainement fan de ce monument du 7ième Art, peut-être avez-vous des éléments de réponses à (me) fournir.<br /> <br /> Basé sur le chapitre « Découpage » de la revue « L'Avant-Scène Cinéma » n°537 entièrement consacré à ce film, je vous les indique par plan (la durée européenne de sa sortie en 1984 comporte 1667 plans en 3h40)<br /> <br /> 1933. Hôtel de Noodles, intérieur nuit.<br /> <br /> Plan 9, Eve, compagne de Noodles, découvre dans leur chambre d'étranges trous qui dessinent la forme d'un corps humain sur le matelas.<br /> <br /> Pourquoi diable les tueurs embusqués prennent 'ils le temps de perforer ce lit, au « millipoil » qui plus est, dans l'attente de leur proie ? Pourquoi ces trous (sans doute effectués avec des armes à feu) ?<br /> <br /> A propos, je me suis longtemps demandé qui sont exactement ces porte-flingues qui poursuivent le personnage de Noodles au début du film. <br /> <br /> Aujourd'hui, je ne suis toujours pas sûr d'avoir la bonne réponse. <br /> <br /> Sont-ils des flics, des ripoux, des crapules de la pègre ?... Je penche plutôt pour cette dernière supposition. <br /> <br /> 1968. Rue de New-York, proche du port, extérieur soir.<br /> <br /> Plan 741 à 751, Noodles tendu, pas bien assuré, marche d'un pas ferme une valise à la main. Celle-là même qui contient « une avance pour son prochain contrat ».<br /> <br /> Tout à coup, un frisbee traverse le champ de la caméra pour se précipiter vers lui. Il s’abaisse pour l'éviter. Une main le récupère.<br /> <br /> Cette séquence n'est pas claire du tout. Qui lui envoi cet objet ? Et que se passe t-il ensuite ?<br /> <br /> J'ai l'impression qu'au montage, des éléments permettant une meilleure lisibilité ont étés coupés.<br /> <br /> (Vers 1933). Chambre d' hôpital, Intérieur Jour.<br /> <br /> Jimmy Conway, leader syndical fête sa victoire nouvelle (au prix d'un balle dans la jambe ! ) avec ces nouveaux amis. Ceux-ci sont Max et Noodles. <br /> <br /> En sortant de leur visite, ils croisent sans s'en rendre compte Frankie Minaldi, le personnage joué par Joe Pesci. Qui, les évite. Et discrètement, va prendre l’ascenseur. Sans doute, pour se rendre à son tour auprès du syndicaliste.<br /> <br /> Là, encore, il y a de mon point de vue, une grande incompréhension.<br /> <br /> On devine du copinage, des alliances et autre complot. Mais çà manque de clarté.<br /> <br /> Enfin, beaucoup se demandent avec la séquence du camion poubelles (plan 1640 à 1647) ce qu'il se passe exactement avec Max.<br /> <br /> Pour ma part, je me réfère à Sergio Leone. Qui, à cette question répond :<br /> <br /> « Noodles reste fidèle à son premier idéal. A travers le rêve d'opium, d'accord, mais je répète qu'à travers ce rêve d'opium il me donne toute la possibilité d'exploiter tout mon amour pour le cinéma, le mythe et la raison de faire du cinéma. C'est complexe. Au point de ne pas pouvoir montrer directement la mort de Max à la fin du film. Il ne fallait surtout pas faire un gros plan de James Woods quand il sort de chez lui. Pas à ce moment là puisque le monde que Max s'est construit, c'est juste bon à jeter aux ordures dans l'Amérique d'aujourd'hui. Ce n'est plus l'individualisme. C'est le syndicat. Et c'est la fin de l'idée de liberté. »<br /> <br /> Extrait de « Conversations avec Sergio Leone » de Noël Simsolo, Editions Stock Cinéma, 1987.
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B
Dak pour le pipeau: pas un vilain motif mais le big Ennio a peut-être eu la pince un poil lourde sur son occurrence. Cela dit - et recyclage ou pas, et tous houuuu-houuuus inclus of course - le reste de cette BO est tellement beau, tellement poignant qu'on s'en bat le stick !<br /> <br /> Hum... et puis allez merde, c'est vrai que dans l'absolu je voue, moi aussi, une préférence infinitésimale à La Révolution, revu en dernier et qui m'a ému aux larmes tout en me faisant frotter des paluches ses trois heures moins des poussières durant. Il présente avec Le bon, la brute,.. cette facette plus ludique, plus mouvementée, à l'inverse de l'Ouest et l'Amérique qui sont avant tout des oeuvres graves et contemplatives. Et la truculence chez Leone, c'est 'achement précieux selon moi. <br /> <br /> Bon, ne tortillons pas du fignard: tout ça n'empêche pas OUATIA d'être le meilleur film de ces quarante dernières z'années. Punktschluss.
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S
Me semblait qu'il y avait déjà quelqu'un sur une île déserte, sur ce glob... <br /> <br /> Ceci dit... Wfffff.... Les gars, n'en jetez plus ! <br /> <br /> Le godelureau cinéphale de passage va vraiment croire que c'est vraiment un chef-d'oeuvre. Charriez pas quand même ! Un peu de retenue. <br /> <br /> Une délicieuse madeleine, ç'a jamais valu une bonne côte de boeuf, un bon gros cassoulet, un bon gros foie gras (je veux me faire plein de petits amis vegans) <br /> <br /> Disons, façon La Truffe, que c'est autant un "grand film malade" qu'un film de grand malade. <br /> <br /> Perso, je préfère La Révolution. Sans doute parce que, moi, c'est celui-là que j'ai vu ado. (Doit-on en arriver à la conclusion que Leone fait du cinéma pour ado ? ha, peut-être bien). <br /> <br /> Or donc. Cet "Amérique", je l'avais longtemps attendu, guetté, espéré, à l'époque. Avec des sueurs froides quand on a (très sérieusement) annoncé que Leone n'imaginait personne QUE Belmondo en Noodles. Qu'il l'attendait, lui aussi. <br /> <br /> Ouf, Belmondo a refusé... <br /> <br /> <br /> <br /> Bref. Quand le film est sorti, après toutes ces années d'espoir... Eh ben, ce fut une sacrée fichue déception ! No madeleine per me. <br /> <br /> Alors, oui, la première partie, avec les mômes, c'est vraiment bien. Vraiment . Mais pas au point de grimper aux rideaux, les mecs. <br /> <br /> Car il y a ici, tous les défauts de Leone qu'on aime et qui fonctionnent plutôt bien ailleurs, mais si rarement dans ce film. <br /> <br /> Tout d'abord, cet étirement du temps. Qui frise, ici, l' absurde et passe l'entendement. Comme par exemple l'interminable scène du chou à la crème (bon sang, on a compris depuis 1 semaine qu'il va le bouffer entier ! On a droit à vingt-cinq regards de côté du mioche , histoire de créer un faux suspense avec une fausse attente de la porte qui pourrait s'ouvrir sur Peggy... Mais on sait bien, Sergio, qu'elle va ouvrir quand le gâteau sera fini ! Pas la peine d'étirer ta guimauve ! On-a-com-pris-on-te-dit !!! ). <br /> <br /> Ou celle des ballons orange qui surgissent à la surface de l'eau... Là aussi, on aimerait ressentir l'émotion. On ne fait que la frôler parce que, pareil : qu'est-ce que ça traîne ! Trop de ballons, trop de cris, trop de durée, trop de tout. Assez, stop. ça gâche, ça tue joie et enthousiasme. <br /> <br /> Le problème, c'est que c'est comme ça tout le temps : Le braquage avec Tuesday Weld, la remise des diamants dans la voiture, la séquence dans l'usine à plumes, les blablas avec le syndicaliste, le viol de Deborah... Tout est tracé, bien appuyé au crayon gras, souligné, étiré. <br /> <br /> Le pire, c'est que, globalement, il n'y a jamais de VRAIS BEAUX PLANS, de vrais mouvements élégants, amples, avec du souffle, comme dans ses autres films (en particulier dans les trois précédents) <br /> <br /> Crénom, dans un film de cette mesure, qui se veut ample et grandiose, j'aurais aimé autre chose, et mieux, que des zooms et des zoomettes ! Aussi maîtrisés soient-ils, merde. <br /> <br /> Je passe sur le ralenti, heureusement, il n'y en a qu'un. Mais pour freiner l'émotion, y a pas mieux. Autant on peut trouver que ces procédés participent au charme de ses spaghettis, autant là, ça envoie du cheap, ça jette une peau de banane, ça vous sape l'épique et la grandeur, ça vous rabougrise le film. <br /> <br /> <br /> <br /> Rien à dire au chef costumes ni au chef déco. Tout est là. Tous les objets, les détails, tout est là où il faut, comme il faut. (La lampe, à côté de de Niro quand il appelle les flics pour dénoncer son pote, elle est bien d'époque, j'ai la même ) ... mais au résultat, il se dégage de l'ensemble une espèce de... nostalgie complaisante et morbide qui ne donne aucune tristesse mais fiche plutôt les boules et le malaise. <br /> <br /> En outre, tous , absolument tous les protagonistes sont antipathiques ( Noodles compris), qu'ils soient en mômes ou en adultes. Enfants, on n'a qu'une envie: les baffer. Adultes, qu'ils se fassent coffrer ou trucider. <br /> <br /> Les dames, j'ose à peine en parler. Ce sont soit des putes vénales qui se font insulter et/ou violer, soit de pures pimbêches qui se font violer itou . Soit elles passent dans le paysage, sans plus de consistance qu'une mite sous naphtaline. <br /> <br /> Pourtant, le film ouvre sur l'une d'elles ( avant qu'elle se fasse dégommer of course). Mais on aurait tellement aimé que, dans les flash-backs où on la retrouve, elle soit un peu plus développée, elle serve à autre chose qu'à une intro (pseudo) choc ou à un (longuet et bavard) adieu qui peine à susciter la moindre émotion puisqu'on ne sait rien d'elle ni de ses relations avec de Niro. <br /> <br /> Pour finir, j'ignore ce qu'il en est de la version dite "director's cut", mais... Si on peut nous faire faire tapisserie 3 plombes sur un chou à la crème, pourquoi (ah oui pourquoi ?) cette paresseuse et honteuse ellipse sur la scène-pivot absolument cruciale, celle du dernier hold up où toute la vie de Noodles se joue? !
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