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14 septembre 2011

Cul-de-Sac (1966) de Roman Polanski

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Récit tout azimuthé des compères Polanski / Brach qui lâchent les chevaux, pardon les poules, autour de cette forteresse où un couple des plus mal assortis (Donald Pleasance is Fabien Barthez en plus efféminé, mou du genou, couard, facilement influençable ; Françoise Dorléac is Teresa, sauvage, maline, infidèle dès qu'il s'agit d'aller chasser la crevette avec un jeune mâle) qui va recevoir la visite de deux bras-cassés de truands - l'un dont le bras est vraiment pété (Lionel Stander tout en gueule et en roulage de mécanique), l'autre qui s'est pris un pruneau dans le dos (Jack MacGowran, absolument hilarant de la première à la dernière apparition sans qu'il ait besoin d'en faire beaucoup). On a absolument aucune idée d'où Polanski veut vraiment en venir, et c'est ce qui fait toute l'originalité de ce récit entre En attendant Godot (la touche d'absurdité) - Stander attend d'ailleurs tout du long un certain Kattelbach, son boss, censé venir le récupérer dans cette presqu'île perdue au milieu de nulle part (en vain) - et le récit d'un ménage à trois des plus particuliers - le faible (Pleasance), la brute (Stander qui ne se contente pas de passer son temps à humilier Pleasance - sacré tirage d'oreille - mais qui sait aussi au besoin "sévir" avec la Françoise - grosse séance de pan-pan cucul on ne peut plus réaliste, ma foi) et la chafouine (Dorléac - vraie crevette qui aime à se faire joueuse...).

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La tension au sein de notre trio est évidente - rapport de force, violence, sexualité latente - mais cela n'empêche point Polanski d'émailler son récit de multiples situations qui virent au comique pur : la bagnole des truands submergée alors que la marée est à son max, Stander obligé de jouer les serviteurs bougons alors que notre petit couple reçoit une visite de casse-bonbons (on se demande bien d'ailleurs ce que vient faire Jackie Bisset au milieu de cette armada, elle en reste d'ailleurs totalement coite...), le gamin qui se retrouve avec le fusil de son père à deux doigts de faire un carnage, Stander qui s'égosille en pure perte sur la plage et qui se retrouve comme un couillon alors qu'un avion vient survoler les lieux, la folie douce qui semble s'emparer de tous les personnages qui finirait presque par faire penser à l'ambiance ultra-survoltée des Nains aussi ont commencé petits (à défaut de trouver d'autres comparaisons...). Epaulé par l'excellent Gilbert Taylor dont le noir et blanc est absolument mirifique, Polanski s'amuse à varier les angles de prises de vue, n'hésitant point à saisir au passage, en gros plans, les tronches de Stander et de Pleasance à la limite de la déformation. Si le récit tourne diablement en rond, il n'en est pas moins habité par une énergie continue, et Polanski d'enquiller les séquences toutes plus surréalistes, inattendues les unes que les autres. On sait dès le départ que l'on se dirige dans une impasse (le titre, ben ouais) et le final infernal (l'explosion de la bagnole et cette véritable "mise à feu" des lieux rappelant d'ailleurs aussi le film d'Herzog) vient conclure en beauté une intrigue chaotique et absolument inénarrable. Déstabilisant, pour le moins, et définitivement drôle : ce sont bien les moindres des compliments que l'on peut faire à cette œuvre de jeunesse d'un Polanski lâchant totalement les rênes à sa "fantaisie" des plus singulières...

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