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1 septembre 2011

LIVRE : Jayne Mansfield 1967 de Simon Liberati - 2011

jayne%20mansfield%201967%20020811Toutes proportions gardées, il y a du Truman Capote chez ce Simon Liberati, qui utilise la même méthode que l'auteur de De Sang-Froid pour décrire un moment clé et affreux de l'histoire contemporaine : la mort de Jayne Mansfield qui s'encastrât ballottement avec sa Buick rose sous un camion, perdant du même coup sa calotte crânienne, deux chihuahuas, un amant, un chauffeur et un enfant. Moment-climax qui ouvre ce livre particulièrement éprouvant, pour mieux ensuite développer des tas de pistes intéressantes : la fin du star-system (vraiment ?), en tout cas d'un certain âge d'or d'Hollywood, la déchéance physique et morale d'une actrice pourtant intelligente, les excès du petit monde des icônes, la naissance du paparazzisme, etc. Quelque chose de Capote, disais-je, mais indéniablement aussi quelque chose du Schneider de Marilyn dernières séances : le personnage de Mansfield, sûrement moins glamour que celui de Marilyn, pourrait en être le versant trashy, la face sombre et triviale. Là où Marilyn, jusque dans ses dernières heures, est resté l'être sensible et secret que Schneider décrit, Mansfield grossit, brade ses minables numéros de strip-tease dans des bouges affreux, crée des scandales dans les pubs et les festivals de cinéma, tourne des navets et change d'amants comme de perruques. Liberati, lui, se contente d'observer, en dressant cliniquement l'état des faits et gestes de l'actrice au travers de quelques épisodes marquants : un dialogue avec son amant, une rencontre avec une secte sataniste, son éviction d'un festival, le feuilletage d'un album de coupures de presse. Pas plus. C'est la grande force de ce livre : s'accrocher à deux ou trois anecdotes seulement, mais les creuser jusqu'au maladif, avec un souci du détail qui finit par relever de la découpe au scalpel. Qu'il s'agisse de décrire avec maniaquerie l'état du corps de Mansfield après l'accident (le fameux mythe de la décapitation) ou de raconter par le menu une dispute, l'auteur excelle à aller chercher le détail qui fait mal, qui reste en tête, avec un vrai talent pour l'image. L'écriture est d'ailleurs plus convaincante que le fond lui-même : on a du mal à adhérer à cette volonté de nous faire prendre cet accident et ce personnage pour des emblèmes d'une certaine époque ; et si on a bien de la peine pour cette pauvre victime du strass et des paillettes que fut l'attachante Jayne Mansfield, on se dit que la mort de Liz Taylor ou de Beyoncé (ah ? l'est pas morte, Beyoncé ?) pourrait donner lieu à la même théorie. Peu importe : ce qui compte, c'est que Liberati réussit une vrai enquête obsessionnelle truffée de détails glaçants, faisant presque de ce "documentaire" un film d'horreur pur jus. Coup de poing, oui.

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