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4 septembre 2011

This must be the Place de Paolo Sorrentino - 2011

19789306_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20110802_040602This must be the Place amuse 5 minutes, admettons, grâce au jeu excessif et poilant de Sean Penn en Robert Smith croulant (en Robert Smith, quoi) ; mais ensuite, il faut se fader un pénible exercice de style vain et péteux autour de la reponsabilité et de la maturité, et ça, c'est une épreuve. Sorrentino aurait mieux fait, à tout prendre, de rester auprès de ses acteurs et de les regarder bosser : Penn part à la conquête de l'Oscar, construction de personnage à l'ancienne, voix suraigüe, dégaine improbable (et vraiment too much), et surtout distance impeccable dans son interprétation : on le sent pas vraiment dupe de ce travail à la Dustin Hoffman, pas très convaincu de la viabilité de l'exercice, et du coup il ajoute une touche d'humour distancé (que Sorrentino ne semble d'ailleurs pas capter) à son personnage. Beaucoup aimé, par exemple, son rire "à froid" qui jaillit de temps en temps : son visage reste impassible, et il y a ce ricanement aigü qui sort d'on ne sait où, très drôle. Sa femme, la toujours immense Frances McDormand, trouve sa place face au monstre, en bossant sur la légèreté, l'humour, et c'est très agréable à regarder là aussi. Si le film s'était contenté de filmer ces petites tranches de vie ordinaire entre eux, ou à la rigueur de parler de la dépression, de la chute des icônes du rock dans l'anonymat, on aurait pu aimer ça, même si on sent là une vision très datée de la direction d'acteurs.

19789309_jpg-r_760_x-f_jpg-q_x-20110802_040604Mais Sorrentino veut faire du style, messieurs dames, et sort donc l'artillerie lourde pour passer au premier plan. Scènes absurdes et décalées, plans tordus, mise en scène flirtant avec une étrangeté lynchienne (ou voulant l'être), portrait d'une Amérique des déclassés et des geeks : le gars met son point d'honneur à tenter de nous surprendre, construisant son film autour du hiatus plus que de la logique de sa trame. Du coup, on croise des tas de bouts de scènes qui sont des embryons d'histoires, et qui n'aboutissent à rien : l'inventeur de la roulette pour valise (...), un obsédé de la bagnole, un gamin ayant la phobie de l'eau, un tatoué, un chasseur de nazis, et j'en passe une bonne vingtaine. Le voyage compte plus que le but, certes, on est bien d'accord ; mais encore eut-il fallu que ces bouts de destins soient parlants, qu'ils éclairent le personnage du film, en gros qu'ils servent à quelque chose. Ici, à part montrer l'immense imagination (...) du réalisateur, ils ne servent qu'à boucher les trous d'un scénario qui part dans mille directions sans parvenir à en trouver une seule de valable. Sorrentino voudrait parler de déprime, de star-system, d'amour, de paternité, de prise de conscience politique, d'indépendance, de rébellion, et ne parle finalement de rien. Et surtout pas à travers son motif principal (une star déchue et irresponsable part à la recherche du bourreau nazi qui a torturé son père), pas mené à bout et se résumant à un "Holocauste pour les Nuls" assez pénible. Au lieu d'un vrai sujet, on assiste à une succession de plans crâneurs et déconnectés de tout, qui ne servent qu'à mettre en valeur celui qui les commet. C'est oublier que les modèles de Sorrentino (Lynch, Gilliam ou Ruiz, peut-être) ont une vraie logique dans leurs "délires", et ne se contentent pas de filmer n'importe quoi pour faire genre. Le final, quant à lui, est puant de bien-pensance et de moralisme à deux balles, ce qui finit de nous convaincre qu'on est là face à un réac qui joue au punk. Sujet non-traité, style ampoulé, chevilles gonflées : mauvais film.

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