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Shangols
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6 avril 2024

Courts-Métrages (1985-2020) de Nicolas Philibert

La Face nord du Camembert (1985)

vlcsnap_2011_04_27_22h06m12s21Philibert retrouve son compère de Moi, Pierre Rivière... et de La Voix de son Maître, Gérard Mordillat, alors sur le tournage de Billy ze Kick, ce qui lui donnera l'occasion de filmer pour la première fois l'alpiniste Christophe Profit. Ce dernier double un acteur devant escalader un joli petit immeuble (le fameux camembert) de 60 mètres. Le Christophe te grimpe ça avec une facilité et une assurance déconcertantes, à tel point qu'on aurait bien envie de faire équipe avec lui pour faire un remake d'Arsène Lupin... Oui, bon ça va moins loin qu'il va haut, je vous l'accorde. Un court qui donne l'occasion de le voir grimper sur tous les angles, les plans en plongée ou latéraux se révélant tout de même toujours aussi impressionnants.


 Le Come-back de Baquet (1988) 

vlcsnap_2011_04_27_22h09m59s252On retrouve l'ami Profit qui emmène en cordée le violoncelliste Maurice Baquet (qui fut d'ailleurs également acteur, notamment dans Le Crime de Monsieur Lange ou Les Bas-Fonds de Renoir). Ce dernier, trente-deux ans après avoir réalisé la première ascension de l'Aiguille du Midi par la face sud avec le célèèbbbre alpiniste Gaston Rebuffat (mais si, rappelez-vous), s'amuse à retrouver les sommets et les sensations de sa jeunesse avec son nouveau compagnon de cordée. Sur quelques notes de Bach qu'il interprète de main de maître, le gars Maurice se plaît à faire le pitre (on est content pour lui, sans vouloir être dur), comme s'il revenait soudainement à cette lointaine époque avec son grand pote (on les découvre dans des petits films vintage du Gaston). Profit enquille sagement ses parois et finira également par se prêter au jeu des relations maître-élève en donnant quelques coups d'archets pendant que le Maurice joue. Deux de cordée, comme un fil amical tenu et tendu entre le présent et le passé...


Vas-y Lapébie ! (1988)

vlcsnap_2011_04_27_22h10m33s68Vainqueur du Tour de France 1937, "Le Pétardier" est un cycliste sain (oxymore) à qui on n'a jamais eu besoin de mentir et qui peut encore faire du vélo à 77 printemps - fume po, bois po, même pas du vin rouge alors qu'il est de Bordeaux, est végétarien (mon opposé, quoi...) - ; l'homme, quand il n'est point sur son deux roues, continue en 88 de suivre les coureurs pour leur donner de son allant à défaut de son talent. Grande anecdote que celle de ce Paris-Roubaix (Shangols dans la peau de Jean-Paul Ollivier) où il creva à quelques kilomètres de l'arrivée alors qu'il était échappé en compagnie de deux belges : pas de voiture d'accompagnement bien sûr à l'époque et notre gars qui avise dans le fossé un vélo... pour femme ; il s'en saisit, trouve quelques kilomètres plus loin un vélo de coureur, re-changement de monture, rattrape les deux hommes et gagne au sprint... Extraordinaire, sauf qu'il fut finalement disqualifié pour ne pas avoir gardé le même vélo... Le monde est vraiment trop injuste et on comprend son effondrement à l'arrivée, diable... Un homme passionné par la petite reine jusqu'à coucher avec (dit comme ça, ça passe mieux), finissant d'ailleurs même par avouer qu'il aime plus son vélo que lui-même... Rah c'était décidément une autre époque, bonnes gens ! (spéciale dédicace - on peut oser les messages intimes après plus de 4000 chroniques - à mon popâ tout blessé par sa dernière chute).


Dans la Peau d'un Blaireau / Portrait de Famille / La Métamorphose d'un Bâtiment (1994)

vlcsnap_2011_04_27_23h15m54s116Petits compléments de programme à Un animal, des Animaux, le premier court-métrage traite de taxidermie (je vous rassure, aucun lien avec l'article précédent, il ne s'agit point de Bernard Hinault), le second des parentés entre toutes les espèces animales, et le troisième de l'historique du Muséum national d'Histoire naturelle où l'on fait la part belle aux travaux de rénovation dans les années 90. On se rend compte que le taff de taxidermiste, c'est tout sauf éventrer un animal pour le fourrer de paille... Je fais mon naïf mais on assiste à toutes les étapes méticuleuses de la naturalisation (moins compliqué tout de même que pour un sans-papier) du "dépiautage" au "recousage" (ah oui, diantre que ces mots sont laids), un véritable travail d'artisan de haute volée (confection d'une structure métallique, modelage, coup de karatéka pour donner une forme à la bête...). Comme Philibert, j'avoue une certaine fascination pour la confection des yeux et on regrette presque qu'il n'ait été faire un tour dans les ateliers de ces travailleurs en voie de disparition... Le second court est un montage à la mitraillette d'une foultitude d'espèces conservées dans ce muséum (des papillons aux drôles de trognes de singes - ou de lémuriens, suis po spécialiste), une évolution qui semble aller de la beauté brute à l'effroi (plusieurs singes étant fixés en train de pousser leur cri), le rôle de l'homme n'étant sûrement point étranger à cette attitude finale... Enfin le troisième film apparaît comme une sorte de condensé du long-métrage ; j'aime beaucoup l'image de ce rhinocéros "taxidermisé" que l'on ramène dans ses quartiers, l'angle de la prise de vue donnant l'impression que l'on va s'en servir comme d'un "bélier" (forcément) pour ouvrir la grande porte du bâtiment... Trois courts pour faire durer le plaisir.


Nous, sans papier de France (1997) - Film collectif       

vlcsnap_2011_04_28_00h22m26s50Un appel ému (face caméra, stoïque, l'actrice tout en étant sûrement concentrée sur son prompteur déclame son texte avec une évidente sincérité) pour la régularisation des sans-papiers. Il est fait état clairement de leur situation (payant des impôts comme "tout le monde" et devant accepter souvent des boulots sans avoir le même droit que les Français) et cette déclaration solennelle et on ne peut plus justifiée est forcément vibrante. Tiens, c'était il y a déjà treize ans... Heureusement depuis, la situation s'est notamment améliorée - c'est de l'humour noir (j'allais dire du zemmour noir mais j'ai honte de plaisanter en évoquant ce cuistre personnage (triste euphémisme)) venant d'un Français qui travaille depuis plus de dix ans, en contrat local, à l'étranger sans avoir jamais eu à faire face à ce genre de problème. La France, de mon enfance..., chantait l'autre...

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L'Anniversaire de Nénette (2020)

Alors oui, je sais que nous sommes un peu à la traîne sur cette odyssée Philibert mais nous comblerons le vide un de ces jours. Pour nous mettre sur de bons rails, ce petit inédit dudit cinéaste (Merci Henri, le gars de la cinémathèque) qui va de paire avec la rétrospective qui lui est consacrée à l'institut mère précité. Nénette, arrivée en 1972 (comme moi) à la ménagerie du Jardin des Plantes (je n'ai pas eu ce bonheur) fête ses cinquante ans (comme moi, depuis plusieurs années) et devant une foule de badauds quelque peu bruyante va déballer ses cadeaux... C'est toujours un peu délicat de regarder ce bon vieil animal qui n'a rien demandé à personne savourer doigt après doigt un fraisier ou ces petits fruits exotiques reçus en bonus, repensant sans doute nostalgiquement (toujours comme moi) aux forêts paisibles et immenses de Bornéo (mais les braconniers en ont décidé autrement pour elle, je sais, je sais...). Bref, Nénette s'accroche à la vie et aux lianes de sa cage, avec toujours le même air un peu alangui, paisiblement, sous le regard extatique de visiteurs en mal d'exotisme.  Philibert immortalise l'instant, hip hip houtang ?

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