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17 janvier 2011

Impasse tragique (The Dark Corner) (1946) de Henry Hathaway

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Solide polar signé Hathaway qui repose à la fois sur une intrigue joliment huilée (un faux coupable malicieusement manipulé) et un excellent casting : le détective incontournable du genre (Mark Stevens, manque peut-être un poil de charisme mais son personnage se révèle à l'usage moins tendre et plus malin qu'il en a l'air), sa blonde secrétaire forcément dévouée voire plus si affinités (Lucie Ball qui ne cesse de nous énerver (mouais...) en parlant constamment de ses bas nylon), un directeur de galerie d'Art (excellent Clifton Webb au jeu très british et distinguished) marié à une adorable brune de trente ans - au moins - sa cadette (Cathy Downs très classe dans son allure, plus décevante quand elle se met à parler...), un gros bras qui joue au détective (impeccable William Bendix, antipathique dès le premier plan) ou encore un séducteur de base (Kurt Kreuger) qui se croit plus futé qu'il ne devrait peut-être se permettre... Sans avoir besoin de jouer dans la surenchère au niveau de l'action (deux-trois petites bastons pour la forme, une mini poursuite de bagnoles dans les rues de New-York), le cinéaste parvient à nous accrocher jusqu'au bout, le faux-coupable se retrouvant mouillé dans une histoire de meurtre jusqu'à l'os. Même si un ou deux indices sont un peu tirés par les cheveux (retrouver une veste blanche tachée à l'encre dans une laverie new-yorkaise... et puis aussi une aiguille dans 28 meules de foin, nan ?), la trame générale demeure suffisamment malicieuse et vicieuse pour qu'on ferme les yeux sur les petites ficelles.

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Mark Stevens a déjà écopé par le passé de deux ans de prison pour avoir provoqué un accident (diablement mis en scène par son ancien associé (Tony Jardine - Kreuger) qui lui devait la thune), causant la mort d'un homme. Lorsqu'il coince un type qui le suit partout depuis deux jours et qu'il apprend que celui-ci bosse pour un certain Tony Jardine, son sang ne fait qu'un tour... Stevens a quitté San Francisco pour New-York pour laisser son passé loin derrière lui (même si les flics l'ont toujours à l'oeil) et l'autre, plutôt que de cultiver dorénavant son propre jardin, vient à nouveau lui chercher des noises ! Il est po méchant le Stevens, mais faudrait pas non plus que l'autre vienne trop le titiller pour qu'il prenne sa revanche... A moins que cela ne soit pas si simple... Il est beaucoup question de relations (plus ou moins) sentimentales dans ce bon petit polar : l'amourette complice entre Stevens et Ball (qui s'avère une fidèle partenaire... et puis elle a des jambes faut dire...), les entourloupes de maître-chanteur du vénal Tony Jardine, l'étrange relation conjugale entre la "Bête" (friquée) (Webb emploie lui-même l'expression) et la Belle (Downs) qui derrière les apparences n'a po l'air d'être d'une énorme sincérité...

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Marrant, d'ailleurs, ce passage avec Webb montrant un ancien tableau dont le sujet ressemble comme deux gouttes d'eau à sa douce (il est ainsi tombé amoureux de la femme du tableau avant de croiser sa douce) qui fait automatiquement penser à Laura, oeuvre dans laquelle on retrouve justement notre gars Webb... On pourrait également noter au passage la façon dont Hathaway joue sur les apparences trompeuses - on navigue dans un monde très lisse et soigné, à l'image des nombreuses scènes dans la galerie d'Art  -, les "séducteurs" et "polis" Kreuger (qui reçoit justement des oeuvres d'Art en "récompense" de ses infâmes chantages) et Webb dissimulant eux-mêmes derrière leurs belles manières des instincts et des sentiments beaucoup plus sombres. Hathaway nous concocte d'ailleurs au passage quelques jolis jeux de miroir  (Stevens et Ball unis dans le taff et en dehors ; Webb et Downs jouant lors d'une soirée carte sur table - à quitte ou double, serait-on presque tenté de dire...) qui enrichissent singulièrement dans la forme ce polar au scénar bien ficelé. On sait que la tragédie est au bout de l'impasse, reste à savoir ceux qui finiront par morfler à ce petit jeu du plus malin... Du bon travail d'artisan dans le "genre". 

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Commentaires
F
Super film noir parce que réaliste, populiste et haletant. Lucille Ball campe une vraie fille du peuple sympa et débrouillarde qui communique son énergie au héros qui doit sortir du brouillard. Les trouvailles du scénario tiennent la route. Daté mais sans avoir pris une ride. Du grand art.
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