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Shangols
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12 juin 2010

Les Bourreaux meurent aussi (Hangmen Also Die! ) (1943) de Fritz Lang

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Grand film sur la résistance et ce même si, en pleine période de propagande, Brecht, Wexley et Lang se permettent quelques arrangements avec la vérité historique : cet hymne à la résistance auquel participe le peuple tchèque dans son ensemble met forcément du baume au coeur de tout adepte de la liberté - quels que soient les sacrifices et les mensonges, seule compte l'issue finale, et la petite mécanique scénaristique de cette oeuvre constitue une remarquable montée en puissance au niveau de la tension et du suspense. Un jeu avec les ombres d'une belle sobriété, un casting de magnifique tenue où chaque personnage a une réelle densité psychologique et une "intelligence" dans l'enchaînement des séquences absolument implacable. Un excellent Lang.

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Le "Reich Protektor" Heinrich annonce de nouvelles mesures pour faire régner la terreur en Tchécoslovaquie ; il est alors assassiné par un membre de la Resistance tchèque, le docteur Svoboda, qui trouve refuge dans la famille du professeur Novotny. La fille de ce dernier, Mascha, l'a en effet aidé à échapper aux nazis, et il n'a d'autre alternative que de demander sa protection, le chauffeur devant lui permettre de s'échapper ayant été arrêté lors de l'opération. Conscients des risques qu'ils prennent, les Novotny assument pleinement leur acte, mais la tension monte d'un cran quand le professeur est lui-même arrêté par la Gestapo. Il fait partie des otages qui seront quotidiennement exécutés tant que le responsable de l'assassinat ne sera point retrouvé. La chtite Mascha se retrouve au supplice (livrer le responsable ou risquer de sacrifier son père) face à cette situation inextricable. Elle peut heureusement compter à la fois sur le soutien des Résistants toujours prompts à déjouer les stratagèmes de la Gestapo pour la faire craquer, mais également sur l'aide de la population où la solidarité n'est point un vain mot - pour une fois chez Lang la masse populaire ne constitue point une menace puisque c'est elle qui remettra Mascha sur le droit chemin alors qu'elle est en route pour la Gestapo pour tout avouer...

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Plusieurs intrigues s'entrecroisent et sont toutes malicieusement agencées : si au petit jeu du chat et de la souris, les nazis ont l'avantage de la force (arrestation massive, interrogatoire, exécution...), les Résistants bénéficient pour leur part d'une population soudée mais également d'une réelle finesse et intelligence dans la mise en place de leur plan : de la mise en scène d'une fausse histoire d'amour entre Mascha et Svoboda pour brouiller les pistes (sacrifice sentimental pour la bonne cause) à l'élaboration de l'extraordinaire machinerie finale où le turpide délateur (un collabo) se voit lui-même dénoncé, en passant par le stratagème pour découvrir l'espion infiltré au sein de la résistance (ce même collabo dont le rire gras est à l'image de son personnage), il est toujours question de "scénario" savamment écrit à l'avance ou malicieusement improvisé (voir la séquence où Svoboda, déjouant la présence de micros allemands, écrit pour Mascha, "en direct", chaque réplique). Le "cinéma" de chaque résistant - les rôles qu'ils n'hésitent point à endosser face à l'ennemi (ce n'est pas non plus une coïncidence si Svoboda trouve d'abord refuge, après l'attentat, dans une salle de cinoche) - pour permettre à chacun de préserver son aspiration à la liberté, face à l'occupant, est une véritable leçon qui trouve, au sein même de cette oeuvre cinématographique de Fritz Lang, un merveilleux écrin. Les bourreaux meurent aussi et les films de Lang de continuer à vivre - ce n'est finalement que justice.    

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