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22 janvier 2010

LIVRE : Un Crime Parfait (True Crime - A postmodern murder mystery) de David Grann - 2008

9782844853257J'aime beaucoup ces petits bouquins expéditifs de David Grann, qui arrivent en quelques pages à planter une jolie atmosphère et à nous plonger au sein des mystères de la nature humaine. Après Le Caméléon, qui nous emmenait sur les traces d'un affabulateur très ambigü, Un Crime parfait retrace le cas d'un "criminel-écrivain" fascinant. On retrouve, en 2000, en Pologne, le corps d'un homme assassiné et torturé, qui dérive dans une rivière ; la police échoue à trouver quelque piste que ce soit : affaire classée, le crime est parfait. Plusieurs années après, un autre flic rouvre le dossier, et découvre une affaire incroyable : le meurtrier, écrivain, a décrit dans son roman ce meurtre, avec précision, dans une sorte de posture nihiliste mêlant la fiction du roman à la vérité des faits. L'enquête policière est avant tout une enquête littéraire, puisque c'est l'analyse du livre du meurtrier qui contient la vérité de ses actes. Cette affaire est donc un cas étrange de "meurtre post-moderniste", comme le dit le titre anglais : un artiste qui se sert de sa sombre biographie pour créer de la fiction, incapable de garder ses actes secrets au nom de la beauté de la création littéraire.

Grann, comme à son habitude, retrace factuellement et précisément ce fait divers, en expose les mystères et les profondeurs sans insister, presque sans le vouloir. Les phrases sont nettes et sans effet, et c'est ce qu'il fallait pour rendre la complexité psychologique de cet assassin-esthète. Dostoïevski et son Raskolnikov font de fréquentes (et justifiées) apparitions, mais jamais Grann ne joue à l'écrivain, à l'érudit : son livre reste un exposé concret et modeste des faits, depuis la découverte du cadavre jusqu'à la résolution de l'énigme. On aurait aimé, pour le coup, que le texte aille plus loin, soit plus long : 80 pages pour un cas aussi fascinant, c'est un peu juste pour plonger réellement à l'intérieur de ce crâne déviant. On y perd en analyse, mais aussi en suspense, l'énigme faisant vraiment long feu. Tant pis : on aura flirté pendant une heure avec le Mal et ses arcanes, et c'est déjà pas mal. Une petite parenthèse sur les innombrables visages de la nature humaine.

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