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Shangols
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19 février 2016

LIVRE : Ne Tirez pas sur l'Oiseau moqueur d'Harper Lee - 1960

Sans_titreA priori, ce livre a tout d'une lecture France Loisirs comme je les déteste : chronique d'une enfance dans l'Amérique ségrégationniste des années 30, humour doux-amer, petite héroïne mignone comme un coeur, et jusqu'à la mièvre photo de couverture qui m'a fait sursauter.

Eh bien tout faux : Ne Tirez pas sur l'Oiseau moqueur est absolument charmant, souvent très émouvant, et assez subtil dans ses choix pour en faire un moment plus intelligent qu'il n'y paraît. Tout d'abord, il est exact que l'héroïne est parfaite : garçon manqué en avance sur son âge (son instit en est d'ailleurs furax), elle est très joliment dessinée dans ses accès de maturité (ses tentatives de compréhension du monde qui l'entoure, son goût pour la politique) autant que dans ses comportements enfantins (la scène finale où elle est déguisée en jambon (!) est parfaitement mignonne). Elevée dans l'univers incompréhensible pour elle du racisme quotidien, elle mène son combat à son échelle, fascinée par un père tout en noblesse d'âme, un frère à cheval sur l'enfance et l'adolescence, et un amoureux aventurier. Le fond de la chose, ample et violent, est toujours présent dans toutes ses horreurs, mais sans jamais effacer ce monde injuste mais fascinant de l'enfance. Le roman est très proche de Huckleberry Finn par exemple, et en a les mêmes qualités : sens de l'anecdote, talent pour les portraits (tous les habitants de Maycomb sont crédibles, épais), humour et goût pour l'aventure (celle du coin de la rue, celle des vacances d'été).

Ajoutons à cela la présence très bien trouvée d'un mystérieux homme enfermé depuis toujours dans la maison des voisins, et dont il faut absolument découvrir l'identité, et le livre passe de la simple chronique à un roman beaucoup plus sombre : il y a un secret, quelque chose d'inconscient, de refoulé, qui rôde dans le voisinage de ces enfants ordinaires, et on n'est alors plus très loin d'un roman psychologique d'une grande profondeur, qui aurait éliminé toutes les lourdeurs inhérentes à ce genre. Avoir su traiter de sujets aussi graves que le racisme, l'injustice du monde, et le refoulé cher à Freud dans un livre aussi léger et aussi dynamique constitue la grande réussite d'Harper Lee. Ce livre passe comme une petite chose légère, et laisse pourtant dans la bouche un goût amer et brutal.

Remerciements donc, pour cette découverte, à Truman Capote qui avait fait de cet ouvrage son livre de chevet, et à la chtite Anne, fidèle lectrice de ce blog. (Gols 25/05/07)


Pas grand chose à ajouter à la chronique affutée de mon camarade alors que l'apéro de cette fin d'année arrive à grand pas (on a sept heures d'avance sur la France, comprenez-moi bien). Juste surpris, en fait, de ne jamais avoir vu l'adaptation avec Gregory Peck qui date de 1962 - et ce alors que j'ai croisé ce DVD moult fois dans les bacs shanghaiens (la faute sera vite réparée) - dommage tout de même que ce ne soit pas Ford aux manettes pour rendre compte de ce petit monde aux mentalités étriquées de Maycomb... Le charme évident de ce livre tient au ton terriblement innocent de son héroïne qui sait lire les événements auxquels elle assiste avec une étonnante acuité et une véritable drôlerie - et ce sans jamais tomber dans le mièvre. On atteint peut-être pas le niveau d'un Salinger mais ce livre est suffisamment enchanteur et humaniste pour avoir droit à toute notre profonde estime (c'est lapidaire, j'assume). Allez, juste un petit passage pour la route en guise de bonne année :

"S'il y a qu'une sorte de gens, pourquoi n'arrivent-ils pas à s'entendre ? S'ils se ressemblent, pourquoi passent-ils leur temps à se mépriser les uns les autres ? Scout, je crois que je commence à comprendre quelque chose ! Je crois que je commence à comprendre pourquoi Boo Radley est resté enfermé tout ce temps. C'est parce qu'il n'a pas envie de sortir." (Shang 31/12/09)    

Commentaires
S
Bon, célébrer un hommage, certes... On est obligés de commencer tous nos commentaires par bon, sinon ? Bien.
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S
Mitch, c'est une "réédition" pour célébrer la mort de. Ne vous emballez pas.
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M
HEIN ???? !!! <br /> <br /> LE Z'AVIEZ JAMAIS LU ?????!!!<br /> <br /> ET JAMAIS VU LE MULLIGAN , UN DES MEILLEURS PECK ?????!!!!!!!!<br /> <br /> C'est pas l'Ardèche, c'est pas la Moronie, où que vous créchez... C'est Mururoa !
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A
Je rentre chez moi, j'ouvre l'ordi et que vois-je ? vraiment ravie et soulagée par cet avis ... Oui ce livre est un petit bijou loin d'être sucré, et qui pourtant m'a fait versé une citerne de larmes.
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