La Charge Fantastique (They died with their Boots on) (1941) de Raoul Walsh
Errol Flynn endosse les bottes du Général Custer, et Walsh en fait un héros taillé dans la fonte - bon, après avoir lu une rapide biographie du gars, il semblerait que Walsh n'ait gardé que ce qui l'arrangeait, son côté grand défenseur des Indiens étant particulièrement monté en épingle... Mais bon, on est en 1941, et nos amis Ricains ne vont pas tarder à avoir besoin de ce genre de personnages avec plus d'honneur qu'un Prizzi. On se tape donc toute la vie du type, de ses débuts en Cadet totalement indiscipliné à sa mission dans le Dakota, en passant par sa célèbre victoire lors de la Guerre de Sécession et son amourette pure et dure avec Olivia de Havilland qui a les yeux d'une Chimène (et de Binoche aussi) pour son Errol. On peut dire que le gars n'est pas vraiment du genre à respecter la loi, mais cela lui permet, sur le champ de bataille, de se distinguer constamment. "Drogué" aux combats, il trouvera un second souffle lors de cette campagne contre les Indiens dans le Dakota, avant de se dresser en farouche défenseur du traité passé avec ses nouveaux amis Peaux-Rouges. Piégé par la politique, il organisera sa propre mise à mort face à son alter ego indien, Crazy Horse, interprété par... Anthony Quinn, à qui on aura donné décidément tous les genres de rôle. Un véritable suicide donc - notre homme se dressant seul au milieu de nulle part alors qu'une volée de plumes fonce sur lui - pour gagner, post mortem, une ultime bataille sur le plan juridique. Franc tireur mais brave comme un ours bagarreur, mais avec un sens de le justice et de l'honnêteté plus grand qu'un tepee... Un parfait héros de cinoche, quoi...
On sent dès le départ que Walsh n'est pas chien en mouvements de caméra, multipliant les plans légèrement chaloupés lorsqu'Errol arrive en tant que Cadet à West Point et crée rapidement la panique. C'est efficace, et cela convient parfaitement à l'état d'esprit du gars totalement imprévisible qui ne manque jamais une occase de se faire remarquer. L'idylle avec Olivia est terriblement classique - la première rencontre et les gentils quiproquo, la seconde, romantique en diable sur un balcon dont s'échappe l'Errol en réalisant son célèbre saut de l'ange, la troisième avec déjà les promesses d'amour pour la vie - po une ombre viendra ternir leur union, c'est presque too much. Petite déception au niveau des nombreux combats : Walsh nous montre constamment des petites portions des charges de Custer contre les Sudistes ou les Indiens, mais en ne nous montrant que trop rarement les confrontations... Seul le combat final vaut vraiment son pesant de pop corn avec un Custer droit comme un i, entouré de ses hommes décimés, comme un capitaine qui ne quitterait qu'en dernier sa 7ème Compagnie, enfin, son 7ème Régiment. Un léger soupçon de comédie pour la route avec l'histoire des oignons et les larmes mignonnettes d'Olivia, ou avec la présence de quelques personnages secondaires comme la grosse servante black - qui fait très bien le hibou - ou California Joe et son langage de charretier. La vie de Custer (Errol Flynn dont le système pileux croît avec la sagesse) en insubordonné salvateur - sauvant la nation face aux Sudistes puis sauvant l'honneur (perdu) de l'Amérique face aux Indiens -, c'est relativement carré, mais aussi parfois un peu trop beau - et attendu - pour totalement convaincre. Bien ficelé, presque un peu trop pour qu'on ne se sente pas un peu à l'étroit...