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Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
19 octobre 2009

Comme Epouse et comme Femme (Tsuma to shite onna to shite) (1961) de Mikio Naruse

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Encore une fois totalement bluffé par ce film de Naruse où la confrontation entre une maîtresse de 18 ans (Hideko Takamine dans l'un de ses plus beaux rôles) et une épouse de 24 ans (Chikage Awashima, pugnace et sagace comme elle le dit d'elle-même) tourne au véritable combat de sumo psychologique. La tension monte au fil du récit et devient presque intolérable lors des derniers affrontements où chacune, évoquant toutes les souffrances inavouées pendant ces longues années, défend bec et ongle, sa position. Une montée dramatique d'une puissance magnifique chez un cinéaste toujours aussi passionnant et profond dans ses portraits de femmes.

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Deux femmes, donc, qui depuis des années, se contentent de leur situation par fidélité à un homme (que l'individu masculin narusien est lâche...! Ah, po seulement chez Naruse ?): Miho, la maîtresse attitrée, gère le bar (qui n'est même pas à son nom) de son vieil amant et lui donne en plus chaque mois une somme fixe. Ne voulant se résoudre, sur les conseils de sa mère, à élever ses enfants sans père, elle les a confiés dès leur naissance à son amant et à sa femme, Ayako, qui est stérile. Cette dernière a accepté dès le départ cette situation - qui lui permet malgré tout de pouvoir éduquer les enfants comme les siens, Miho ayant juré de ne rien leur dire - et continue après toutes ces années à faire espionner Miho au cas où celle-ci craquerait pour un autre amant... Justement notre ami Tatsuya Nakadai tourne de plus en plus autour de notre Miho; seulement cette dernière, en pleine crise de doute, n'est pas disposée à se faire manipuler si facilement. Elle se rend en effet soudainement compte qu'elle a sacrifié toute sa vie pour un homme qui n'est plus vraiment ce qu'il était, n'ayant ni famille, ni aucune assurance financière. Miho décide de se rebeller et demande à Ayako qu'elle lui cède soit le bar soit une importante somme d'argent. Cette dernière, la jouant assez fine (le bar est hypothéqué), n'est prête qu'à lui consentir une modeste somme pour qu'elle dégage, sans demander son reste. Miho, dont le monde s'écroule peu à peu (Tatsuya Nakadai est toujours prêt, le soir, à vouloir coucher avec elle mais en dehors de cela, il a d'autres chats à fouetter - bel esprit, marche), décide de passer à l'attaque et d'avouer au plus jeune des enfants qu'elle est sa véritable mère. Gros feu d'artifice en perspective dans le foyer...

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Hideko Takamine est absolument admirable dans ce rôle de femme bafouée qui réalise, petit à petit, à quel point elle a été "possédée" tout au long de son existence. Qu'elle oublie ses problèmes la nuit en buvant comme un trou (rarement vu un acteur ou une actrice bourrés aussi justes ! - sont forts ces nippons. L'entraînement au sake?) et déverse sa rancoeur, qu'elle pète à la tête de l'une de ses "amies" lorsqu'elle explose de colère, que le trouble tourmente son visage lorsqu'elle est aux côtés de cet amant aveugle qui ne se préoccupe que de sa réputation, qu'elle ressemble à une bouleversante héroïne sirkienne (son visage blafard dans cette tenue colorée lors d'un flash-back pendant la guerre) ou qu'elle resplendisse lorsqu'elle passe, enfin, une après-midi avec son enfant déjà ado, Hideko Takamine est tout simplement sublime. Même lorsque Ayako se met à lui balancer toutes les humiliations qu'elle a dû subir au cours de ces vingt dernières années, Takamine/Miho tente jusqu'au bout de garder sa dignité (ce passage fabuleux, sur la fin, où son visage passe dans l'ombre avant de revenir dans la lumière - les nuages s'amoncèlent mais le désespoir ne vaincra point), et ce même si elle ne tarde pas à comprendre qu'elle a perdu la partie d'avance...

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Si Naruse nous livre une fin qui fait voler en éclat ce foyer bien paisible en apparence - comme si l'égoïsme hallucinant du père finissait par péter dans les doigts des femmes et des enfants -, le cinéaste parvient à parsemer jusqu'au bout son récit de petites chansonnettes entonnées par les différents personnages : un peu de musique, comme pour tenter d'alléger l'atmosphère et ne point permettre à chacun de se morfondre; les deux enfants décident même, dans une ultime pirouette narusienne pour désamorcer les soucis qui viennent de s'abattre sur eux, d'aller au cinéma : la vie continue, malgré tout... Comme disait le père pour tenter de se faire pardonner la situation inextricable dans laquelle chacun se retrouvait : "La vie des gens n'a pas d'explication logique..."; autant, alors, se laisser aller parfois à un peu de gaieté (musicalement ou cinématographiquement...): toujours cela de pris sur cette chienne de vie.

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Commentaires
S
Non, non télécharger le plus légalement du monde (je suis en Chine, tout est légal sauf les manifs...) sur e-mule avec, dans le fichier, les sous-titres français (une copie d'une belle qualité comme le prouve les images)... Que de demande le peuple! (Bon cela prend un ou deux mois mais petit Shang est patient)
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X
A ma connaissance, ce film n'existe plus en France. Est-ce un bootleg d'une quelconque VHS sortie il y a des lustres? Bande de chanceux!
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