Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Shangols
REALISATEURS
GODARD Jean-Luc 1 2
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
20 octobre 2009

Adoration (2008) d'Atom Egoyan

adoration_haut2

On espère toujours être séduit par la découverte du dernier film d'Egoyan tout comme on l'a été à l'époque du troublant Exotica (m'en suis jamais vraiment remis de ce strip-tease sous influence Leonardcohenienne...). On pénètre dans son dernier film en se disant que l'on retrouve une belle élégance dans la mise en scène, une direction d'acteurs qui se tient, un montage très fluide et une histoire qui semble receler son lot de secrets enfouis, de personnages mystérieux... Arsinée Khanjian est une prof de français et d'art dramatique qui pousse l'un de ses élèves à écrire une histoire édifiante, tout en faisant croire qu'il s'agit d'un récit autobiographique : l'histoire évoque la tentative ratée de son père d'accomplir un acte terroriste en plaçant une bombe dans l'avion où se trouvait sa mère. En fait, dans la réalité, les deux parents sont morts dans un accident de voiture, mais l'on comprend que, par ce biais, l'enfant tenterait de régler quelques comptes avec son passé (la responsabilité de son père dans cet accident de voiture serait pointée du doigt). Cette histoire écrite dans le cadre de l'école ne tarde pas à prendre des proportions "gigantesques", l'élève ayant pour habitude de chatter en réseau sur internet : les discussions qu'il a avec ses camarades ne tardent pas à s'étendre à une foule de gens qui ont tous leur mot à dire sur le sens d'un acte terroriste, son impact, les motivations qui poussent un individu à agir, etc... Cela dépasse rapidement notre jeune homme qui est élevé par son oncle, un personnage irascible qui n'a pas l'air de faire de la tolérance son cheval de bataille... Ce dernier, de son côté, ne va pas tarder à rencontrer "par hasard" cette prof mystérieuse qui lui a tout l'air d'être une perfide manipulatrice. Mais les pièces du puzzle ne commencent qu'à peine à s'assembler...

adoration_egoyan

C'est dans ce petit parfum de mystère, de doute qui plane (sur l'intrigue, sur les personnages) que le film se révèle le plus captivant. Tout comme l'étudiant dépassé par l'ampleur des discussions sur internet, on ne sait trop dans quelle direction le film nous emmène... Mais on est prêt, dans un premier temps, à se laisser porter par cette "intrigue" qui semble échapper à son créateur. Puis l'ambiance se fait plus intimiste, se voit réduite aux trois personnages principaux qui tentent peu à peu de dénouer les fils du passé... A mesure que les noeuds se démêlent et que l'intrigue se résout (ah?! tout ça pour ça...!), le film baisse d'intensité, comme s'il finissait par pâtir du poids des explications logiques. Partir d'un drame terroriste pour finir par un drame ultra intimiste (les rapports d'un fils, en particulier, à ses parents disparus), cela donne un peu l'impression d'une montagne qui accouche d'une souris... D'autant qu'Egoyan part sur de multiples voies (la responsabilité, la culpabilité, l'amour, la trahison, la tolérance (entre les religions notamment...)... et j'en passe) mais la plupart des ces directions ne sont jamais pleinement développées, comme s'il les abandonnait volontairement en chemin ne sachant plus trop que faire avec... Le spectateur se sent un peu frustré, ou tout du moins floué d'autant que la clé de l'histoire n'a rien, elle, d'extraordinaire. Egoyan cherche un peu à couper l'atome en quatre : un peu moins de dispersion sur des thèmes à peine effleurés et des personnages principaux plus approfondis n'auraient point nuit à la densité du récit. En l'état, dur d'adorer.          

Commentaires
Derniers commentaires