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18 octobre 2009

LIVRE : Trois Femmes Puissantes de Marie Ndiaye - 2009

Trois_femmes_puissantes_un_roman_africainMarie Ndiaye se montre une bonne élève appliquée dans ce livre, et ce n'est malheureusement pas vraiment ce qu'on attend d'un roman digne de ce nom. Rien à lui reprocher au demeurant : sujet noble et fort, écriture précise, sens des personnages et talent indéniable pour inventer des situations. Mais ce qui cloche, c'est que Ndiaye se met en tête de faire comme les 3/4 de ses camarades de classe, des phrases très longues à la ponctuation impeccable, sensées nous entraîner dans un flot rythmique ébouriffant ; or, ça n'a pas l'air d'être tout à fait son truc. A force de mettre son point d'honneur à complexifier au maximum les circonvolutions de ses phrases, la demoiselle se perd définitivement, ne parvenant qu'à livrer un style heurté, peu agréable, mal balancé. Pire : on dirait qu'elle a peur elle-même de ce style, et certaines de ses tournures prennent du coup la forme d'une leçon de grammaire laborieuse et pénible. Pas facile de jongler avec les pronoms personnels, et elle est bien obligée, souvent, de "sur-écrire" pour ne pas que son lecteur perde le fil. Au lieu de mettre un bon vieux point de temps en temps (personne ne lui en voudrait), elle préfère la virgule, mais compense cette bizarre idée par des formules qui sentent la sueur. En gros, Ndiaye est dans un costume qui ne lui va pas.

En restant au plus près de sa trame, en choisissant la simplicité plutôt que cette fausse audace de style, elle nous aurait sûrement plus captivés. Les trois textes qui font Trois Femmes Puissantes ont tous leurs qualités, surtout au niveau de la crédibilité des personnages, de la force des histoires. On a droit à des portraits de femmes contemporaines, liées plus ou moins entre elles par les situations mais aussi par un sort commun : des êtres devant lutter contre un monde violent et sclérosant, contre le déracinement, contre des passés familiaux difficiles. On est dans le roman psychologique, certes, mais que Ndiaye arrive à doper au contemporain, à faire verser mine de rien dans une certaine mythologie "feutrée". Des histoires puissantes, donc, mais dont les détails sont souvent péniblement ressassés (le vieux qui dort dans un arbre, ou la comparaison entre un personnage et un corbeau, idées que Ndiaye répète sans mentir une quinzaine de fois, sûrement très fière de ces trouvailles), et qu'elle peine à transformer en vraie ambition. On pouvait comprendre sans ces répétitions la symbolique de ses histoires ; mais on aurait bien eu besoin d'elle pour les rendre plus puissantes, justement, et pour faire sortir ce petit roman de l'anecdotique. Elle n'y parvient que sur quelques pages (le milieu du livre, belle technique pour condenser 10000 choses en quelques secondes); tout le reste sent trop la sueur et la première de la classe.

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