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19 juillet 2008

Alexandra (Aleksandra) (2007) d'Alexandre Sokurov

alexandra

Une grand-mère russe vient rendre visite à son petit fils dans un camp militaire en Tchétchénie. Bon ben pour le résumé, c'est emballé. Bien que le film soit tourné sur place, la dimension humaine du film semble plus préoccuper Sokurov que toute dimension politique. Interprétée par l'immense Galina Vishnevskaya, cette grand-mère erre dans le camp et en dehors comme pour tenter de prendre le pouls de la situation...  Elle a sel4certes quelques problèmes pour se mouvoir de ce wagon de train militaire à ce char blindé, comme un symbole d'une vieille Russie, mais elle garde toute sa fierté et son autonomie pour se faire une idée par elle-même : dans le camp, elle ne ressent qu'un immense désoeuvrement de la part des soldats comme si ceux-ci ne savaient pas vraiment eux-mêmes ce qu'ils sont censés faire ici; au dehors, elle sympathise immédiatement avec une femme tchétchène de son âge qui tente, malgré la misère de cette ville déchiquetée, de lui expliquer que son peuple porte en lui la joie de vivre et le rire... Cette proximité, cet échange, cette volonté d'empathie -les deux femmes ont perdu leur mari- sont plus forts que tout discours politique. Galina n'est pas avare, malgré tout, de remarques subreptices qui font souvent mouche : "Les militaires savent détruire mais rarement reconstruire"; "Le pouvoir ne réside pas dans la force mais dans l'intelligence". Elle doit faire face cependant aux commentaires de son petit-fils qui lui reproche avoir ressenti dans son enfance une constante autorité dans son ménage : ce manque de tendresse qu'elle eut peut-être envers ses enfants - la génération qui mène cette guerre - il semble, lui, la payer aujourd'hui. La grand-mère et le petit-fils font finalement preuve d'une grande complicité et d'une belle tendresse comme s'ils étaient, au final, tous les deux, les victimes de leur temps.

alexandra1

L'image sépia, délavé ou jaunâtre de Sokurov touche comme toujours au sublime d'autant que les petites pointes musicales ici ou là sont d'une immense justesse : entre mélancolie et tristesse, elles soulignent parfaitement tout le désarroi des personnages, leur immense fatigue ou leur élan de générosité. Galina Vishnevskaya habite littéralement ce film, emplit chaque cadre de sa démarche maladroite ou de son regard compatissant : elle est l'âme russe de ce film en proie aux doutes mais jamais à court d'espoir... L'humanisme et l'esthétisme de Sokurov sont, une fois de plus, d'une profondeur qui transcende les frontières.

Alexandra4

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