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Shangols
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13 mai 2008

Histoire(s) du Cinéma : (3B) Une Vague nouvelle (1998) de Jean-Luc Godard

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Opus dédié à la Nouvelle Vague mais qui prend comme toujours le contre-pied de ce que l'on pensait en savoir - ou de ce que l'on pensait en voir... (avec Godard, on est jamais en terrain connu, clair). Une belle phrase liminaire sonne comme une définition volontairement simpliste de cette période qui a donné lieu à pléthore d'ouvrages et de réfléxions en tout sens : "Ce qu'on voulait, c'est filmer des garçons et des filles dans un monde réel et qui, en voyant le film, sont étonnés, eux, d'être eux-mêmes et, au monde." Il résume la période "critique" -des Cahiers - par une belle séquence de canardage menée par Gabin (Touchez pas au Grisbi, si ma mémoire ne me fait point défaut) qui après l'explosion de la voiture des "ennemis" se précipite sur les lieux du carnage. Il semble vouloir modérer quelque peu son propos sur la critique du cinéma de ses aînés tout en rappelant qu'il s'agissait à la fois de "les humilier" mais aussi de "les éclairer". Si Truffaut, enfant sauvage parmi les enfants terribles de la Nouvelle Vague, est bien l'un des seuls qui semble avoir les honneurs d'être montré et cité en ouverture (Godard botte un peu en touche en laissant en fond sonore les paroles de la chanson "J'ai la mémoire qui flanche, je ne me souviens plus très bien"), il s'agit surtout pour lui de dire toute sa vénération au père de la cinémathèque française, Henri Langlois. Ce passage donne l'impression que Godard s'est donné au cinéma comme on entre en religion, avec Langlois en Seigneur des lieux : "Un soir, nous nous rendîmes chez Henri Langlois et alors la lumière fut"; musique lithurgique, c'est la totale, Langlois est le grand passeur, le Noé de la Nouvelle Vague. Les commentaires de Godard sont précieux parce qu'ils sonnent comme de véritables professions de foi; c'est toute une nouvelle conception du cinéma qui s'est alors bâtie à partir d'oeuvres auxquelles seuls les initiés pouvaient avoir accès : "Le cinéma, nous le connaissions sans jamais l'avoir vu. Il n'avait aucun rapport avec les films du samedi soir car ces films étaient pour tout le monde, pas pour nous, sauf pour nous... Puisque le cinéma était celui qui ne peut se voir... parce qu'oublié déjà, interdit encore, invisible toujours". Et de rappeler les fantasmes sur certaines oeuvres jamais accessibles. Cette époque, finalement pré-nouvelle vague, sonne comme la seule véritablement bénie pour ces petits - grands réalisateurs du futur. Langlois "nous fit don de ce passé métamorphosé au présent". Il y a comme une certaine frustration pour le spectateur de ne pas entendre Godard revenir plus en profondeur et en détails sur ces enfants terribles, mais il en a conscience, il s'en excuse presque en se mettant en scène en gardien de ce "musée du réel" qui répond à deux jeunes visiteurs : Demy, Truffaut, Melville, Franju, Rossellini, oui, c'étaient mes amis avoue-t-il; à quoi bon y revenir vraiment... Cette période semble définitivement enterrée pour Godard, tout comme les oeuvres de Stroheim ou Vigo, pièces de musée dorénavant... Mais la visite n'est point tout à fait finie, à suivre donc...   (Shang - 13/05/08)      

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histoire3a_02Un tour effectivement un poil mollasson du côté de la Nouvelle Vague : on sent que cet épisode était à peu près obligatoire, qu'il se devait de figurer dans les Histoire(s) du Cinéma, mais que JLG s'en débarasse comme d'une commande peu motivée. Pourtant, la force de ses mots, murmurés, clamés ou écrits, parvient bien à invoquer ces fantômes du passé, cette époque de jeunesse folle. Mais aujourd'hui, il semble avoir totalement cessé d'y revenir, ayant franchi un "point de non-retour" définitif. Alors, oui, restent quelques bribes de Truffaut (évocation fraternelle, avec le travelling lumineux des 400 Coups, ou la voix mutine de Jeanne Moreau), un peu de Jean Rouch aussi, un peu de Duras. Mais c'est vrai que Godard semble trouver pénible de revenir sur cette période. Il préfère revenir encore et toujours sur les prédécesseurs, les patrons, ceux qui ont marqué son "entrée en cinéma", Langlois, Hitchcock, Renoir, Chaplin, et consorts, qu'il appelle comme dans des incantations (belle phrase presque mystique : "Quand on dit Elseneur, on ne dit rien ; quand on dit Hamlet, alors tout est dit").

histoire3a_01Quelques déclarations d'amour vibrantes au cinéma tel que la petite bande le concevait à ce moment-là ("Interdit toujours, tel était notre cinéma"), un montage assez habile de ses propres oeuvres (Alphaville, For ever Mozart, mais surtout Passion, qui fait tardivement son entrée dans la série alors que c'est sûrement le film de Godard le plus proche de ces Histoire(s), thématiquement, s'entend), et c'est terminé... L'épisode le moins convaincant pour l'instant, malgré, comme d'hab, quelques purs traits de génie (le champ/contre-champ entre Hitler à sa fenêtre et James Stewart l'observant dans Rear Window, il fallait oser). A suivre, de toute façon.   (Gols - 13/05/08)

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