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13 mai 2008

Mère et Fils (Mat i syn) d'Aleksandr Sokurov - 1997

mere_fils_25Comme dirait Groucho Marx, j'ai vu un excellent film, mais ce n'était pas celui-là. Mère et Fils est un authentique faux chef-d'oeuvre, qui fait tout ce qu'il faut pour qu'on crie au génie, mais qui finalement n'a rien à dire (c'est pas très grave), et pas grand-chose à montrer (ça l'est plus). En fait, ça ressemble à ces dvd vendus dans le commerce, et qui diffusent en boucle des images d'aquarium, ou un feu de cheminée, pour se donner l'impression d'avoir assez de temps pour nourrir des poissons, ou assez d'argent pour avoir une cheminée : c'est vide, mais ça fait trop class de l'avoir chez soi.

Sokurov nous donne à voir, pendant 1h06, des tableaux amples et sensibles de la nature, dans laquelle s'inscrivent deux personnages : une vieille femme mourante et son fils. Dialogues histoire3a_02réduits à trois lignes, action inexistante, beauté des cadres, tout y est pour réussir un film comme je les aime, un mix entre Kiarostami, Kawase et Weerasetakul, disons. Mais là où les trois cinéastes pré-cités parviennent à trouver dans ce retour aux sources une contemporanéité indéniable, Sokurov s'enfonce lui dans une esthétique ringarde et maniérée qui le renvoie complètement à ses études académiques de Beaux-Arts. En matière de tableau, il nous offre le pire de la gravure fin XIXème, une sorte de naturalisme figuratif complètement dépassé. Son maître a l'air d'être Doré, ses références les tableaux de chasse qu'on a tous vus chez pépé et mémé. Pour masquer le manque d'ambition de ses cadres et la pauvreté de son regard sur la nature, il tente d'étirer l'image, de travailler sur le temps, sur l'arrêt de la trame, mais ne réussit qu'à plomber un peu plus son sujet. On finit par avoir un rictus qui se dessine au coin des lèvres devant cette volonté hystérique de faire arty, comme l'avorton d'une bande de loubards qui voudrait bien, lui aussi, être un méchant. Mère et Fils est juste maniéré, ampoulé, radical comme peut l'être un ado qui découvre Pialat (référence inconsciente du film, La Gueule Ouverte est une gifle monstrueuse à la face de ce film).

histoire3a_01Alors bien sûr c'est techniquement irréprochable, ça dégage des arrière-plans superbes (ce film est idéal pour un fond d'écran d'ordinateur, je dis ça je dis rien), c'est splendidement chiant comme tout film d'auteur qui se respecte, ça a sûrement des répercussions que je n'ai pas su voir (je sais pas, un discours sur la Shoah ou sur Nietszche). Mais c'est aussi un film de crâneur, pas assez radical, peu courageux, et définitivement tourné vers le passé. Je remercie pourtant ici officiellement mon fournisseur de dvd chinois, co-auteur de ce blog, qui aime je crois particulièrement ce film ; pas pour moi, c'est tout.

Commentaires
S
En fait, je suis un très très grand fan de Père et Fils du même Sokurov, beaucoup plus accessible que ce Mère et Fils relativement abscons et tape-à-l'oeil. Mais bon les deux faisant la paire... J'espérais que tu commences par l'autre, je ne sais pourquoi... Ne perds point la foi... Si tu détestes Père et Fils, par exemple, je monte sur la table!
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