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Shangols
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10 mai 2008

Black Book (Zwartboek) (2006) de Paul Verhoeven

18670159Véritable retour aux sources pour le provocateur Paul Verhoeven après cette -trop- longue période américaine ? Oui et non. Oui, parce qu'il revient avec un sujet qui lui tient à coeur situé dans son propre pays, réalisé en langue néerlandaise, sans véritable star - même si la chtite Carice Van Houten porte le film sur ses épaules et devrait pas tarder à obtenir ce statut. Non, parce que, malgré tout, la facture finale -de qualité certes- ressemble plus à celle d'un film américain, le Paul ayant perdu un soupçon de provocation en route comme dans le fougueux et sans concession Turkish delight de ses débuts (question de budget ?...)


blackbook2

Tout de même des choses intéressantes dans ce film assez alambiqué qui se joue des faux-semblants. Personne, à quelques exceptions près, n'est véritablement ce qu'il paraît être, de nombreux résistants se révélant des collabos, des SS allemands (enfin surtout un...) tentant de limiter les massacres et les exactions, quant au personnage principal, la juive/blonde platine Rachel/Ellis, si elle reste fidèle à son combat, elle ne cesse d'être prise pour ce qu'elle n'est pas, aussi bien chez les Allemands qu'en fin de film chez les résistants qui doutent de sa bonne foi. Jeu de masques, jeu d'acteurs, voilà des thèmes, des mises en abymes des plus réjouissants. Courage également dans le propos et dans le fond : lorsque l'officier allemand demande à Ellis si elle est juive, celle-ci plutôt que de répondre un non massif - unb168931e façon de nier son identité en quelque sorte comme si elle était fautive - répond un "qu'est-ce que cela changerait ?"  renvoyant la balle dans le camp des Allemands et montrant du même coup toute l'absurdité de leur politique anti-juive : ceux-ci sont incapables d'avoir de quelconques critères rationnels pour justifier leur politique d'extermination et d'être à même de "juger" les gens (cela paraît évident mais la scène est véritablement bien amenée). Quelques séquences également d'un symbolisme plus ou moins lourd, lorsque notamment Rachel ferme le cercueil d'un collabo enfermé vivant à l'aide de son collier où se trouvent les photos de ses parents, ou encore lorsqu'on lui balance une marmite remplie de merde (oui j'ai dit plus ou moins lourd), un geste d'une telle grossiereté (au sens propre) qu'elle finit par en éclabousser les responsables (au sens figuré). Jeu de fausses pistes, de faux fuyants et de vrais fuyards, qui s'assemble pièce par pièce et qui trouve sa résolution dans la toute dernière partie du film.

BlackBook1

Malgré tout, connaissant le Paul, on s'attendait à un peu plus d'éclat, de scènes osées et crues, celui-ci s'attachant souvent plus au sens de la reconstitution -un peu lourde- qu'à l'émotion, qu'au feeling de ses personnages; il y a un petit côté à la fois glaçant, dans l'esthétisme classique ("américanisé") des images, un côté "grand spectacle", qui gâche un peu la portée du film. Mais bon, ne nous faisons point trop l'avocat du diable et espérons qu'il continue dans cette veine un tantinet plus perso. (Même si à Hollywood, il est parvenu malgré l'énormité de certains budgets à garder un sens de la provocation - voir le controversé Starship Troopers).   (Shang - 09/05/07)

book


18670162_w434_h_q80Oui, curieux quand même que Verhoeven parvienne à trouver une vraie subversion dans ses films d'entertainment (Starship Troopers, donc, mais également Robocop, qui m'avait vraiment scié), et qu'il soit si sage dans ce film policé et académique. Curieux aussi que les grands cinéastes décident tous en fin de carrière de tomber dans ces productions à gros spectacle et au style inversement proportionnel : Polanski, Truffaut, Eastwood nous ont tour à tour livré leur film à l'usage des groupes scolaires, on s'en serait bien passé.

Parce que franchement, qu'est-ce qu'il y a dans Black Book ? : des méchants nazis, des courageux Résistants, des exactions pas sympas, des coups de feux, des lumières sépia et une musique violonneuse des années 80, comme dans tous les autres films sur le genre. On peut effectivement arguer du fait que les personnages sont plus troubles qu'au premier abord, mais quand ils changent de masque, c'est pour tomber dans un nouveau cliché qui les éloigne de toute vraisemblance : le nazi qui se révèle 18670161_w434_h_q80comme une sorte de Schindler, dans une métamorphose digne de Houdini ; le résistant sans peur qui devient subitement une ordure totale. On dirait que Verhoeven, à mi-parcours, brouille toutes ses cartes, et repart à zéro, avec les mêms acteurs dans un nouveau rôle. Pas de vérité psychologique là-dedans. Pareil pour l'aspect historique : une Hollande aux mains des nazis qui rappelle l'univers d'Indiana Jones, une Gestapo qu'on pourrait trouver dans Tintin, tout cela très joliment éclairé comme sur le modèle, sans dépasser. Rien n'est crédible là-dedans, mais le film n'a même pas le courage de s'assumer comme un simple divertissement : Verhoeven charge tout ça d'un discours consensuel mais très sérieusement énoncé.

Heureusement il reste cette magnifique actrice, sur laquelle je suis prêt à miser, à l'unisson avec mon collègue, de la vraie graine de grande. On regarde à peu près sans ennui cette aventure improbable, et c'est presque uniquement grâce à elle, héroïne subtile d'un petit jeu érotique qu'elle mène à la perfection. A part ça, un film à ranger dans la collection Lagarde et Michard, si ça existe pour le cinéma (collection Becker et Loach, disons).   (Gols - 10/05/08)

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