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16 mars 2008

Capitaine Achab de Philippe Ramos - 2008

18859736_w434_h_q80Ce bon vieux Herman Melville doit quand même plus ou moins se retourner dans sa tombe au vu de cet essai poétique autour de son chef-d'oeuvre : Moby Dick est le livre le plus ample du monde, le plus profond, le plus puissant, et Philippe Ramos décide d'en faire une petite ritournelle cheap absolument pas à la hauteur.

En fait, c'est le projet lui-même qui est flou, et on se demande bien ce que Ramos a voulu faire. S'il a voulu rendre hommage au roman, en racontant la vie fantasmée d'Achab, c'est raté : le film est minuscule, étrangement feutré et poli, là où le personnage aurait mérité une énormité métaphysique et physique totales. S'il a voulu faire un film d'aventures, c'est raté : le scénario est d'une platitude exaspérante, passant par tous les poncifs du genre, et mettant soigneusement de côté tous les évènements qui auraient pu donner un peu de souffle à l'histoire (la jambe coupée, l'obsession concernant la baleine, la mort du père qui se fait dans une tranquillité froide). S'il a voulu réaliser un film sur et pour l'enfance, c'est raté : son petit héros est bien trop caricatural pour être crédible Capitaine_achabou émouvant, et le personnage adulte est bien trop survolé pour intéresser. On va de petites choses attendues en petites choses attendues, suivant sans passion les aventures de ce petit garçon qui semblent être un condensé des grands romans d'apprentissage du XVIII et XIXème : un père bourru mais gentil, une mère adoptive obtuse, un beau-père violent, un premier amour romantique et une mort brutale. On s'ennuie ferme, d'autant que la direction d'acteurs laisse rêveur : tout en retenue, sclérosés dans un jeu froid et faux, ils sont traités par-dessus la jambe par un Ramos qui a dû se taper trop de téléfilms. Du beau monde pourtant (Lavant, Bonnaffé, Blanc, Stévenin...), mais tellement ignoré par le metteur en scène qu'ils deviennent inexistants. Si les vieux de la vieille arrivent quand même à produire quelque chose, le petit garçon est lui totalement nul. Même les figurants sont rigolards et tout contents d'être là.

achabAlors bon, il y a de temps en temps deux ou trois éclairs d'inspiration : l'inscription du documentaire dans la fiction, qui rappelle à bon escient que Moby Dick est aussi un grand reportage sur la chasse à la baleine ; la musique, très belle et inattendue (une version de "Song to the Siren" assez réussie) ; un côté conte pour enfants qui parfois parvient à s'exprimer, notamment dans les jolis décors naturels ; et des voix off pour le coup bien écrites, enfin respectueuses d'un style littéraire qui fait défaut le reste du temps. Mais tout ça est bien trop sage et fauché pour être à la hauteur, et manque trop d'imagination pour parvenir à passer la barre du téléfilm du samedi soir. C'est Melville qu'on assassine.

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