The Fog de John Carpenter - 1979

Bon, il y a deux écoles. Soit on considère que The Fog est un des films les plus faibles de son auteur : scénario qui tient sur un timbre-poste burkinabé, esthétique proche de l'immonde, effets horrifiques inexistants ou totalement ratés, acteurs insânes, musique faite avec un doigt, costumes ringardissimes, ennui à tous les étages. Soit on considère que The Fog est un film profond, parlant de la dette de la société américaine par rapport à ses ancêtres massacrés (les Indiens), brillant dans ses rythmes (très lents comme d'habitude), économe en effets spéciaux, sachant distiller une ambiance étrange grâce à ce brouillard translucide du meilleur effet, et plein de morceaux de bravoure que n'aurait pas désavoué un Tourneur (pouvoir de la suggestion, détournement de l'économie de moyens par l'imagination plus que par "l'effet")...

Je suis de la première école. Pour moi, The Fog est assez naze, plutôt soporifique, et trop plein de défauts pour qu'on s'arrête sur ses quelques qualités. Certes, il y a quelques jolies idées, comme ce cadavre recouvert d'un drap et qui inquiète justement par son immobilité qu'on sent précaire ; ou comme ce beau décor de phare dominant la ville, dernier témoin objectif des horreurs vécues en bas (son habitante est d'ailleurs animatrice de radio et commente en direct l'avancée du brouillard, comme une vigie) ; ou comme cette séquence qu'on croit piquée directement aux rêves enfantins du gars John (un enfant poursuivi par la démarche lourde du fantôme, une horreur ; ou comme ces plans sur des objets urbains doués subitement d'une vie à eux (pompes à essence, voitures, etc.). Mais tout ça est noyé par une grande mollesse dans les effets, et surtout par la bêtise de l'ensemble : si message il y a, je ne l'ai pas vu ; c'est juste creux et inutile. On regarde tranquillement ces gens se faire massacrer avec un manque d'imagination troublant. Les scènes de terreur sont systématiquement amenées par surprise, brusquement, sans nous laisser le temps d'avoir peur. Où est le réalisateur brillant d'Halloween, qui savait faire monter la peur avec une lenteur terrible ? Ce n'est pas en nous criant Bouh ! dans le noir qu'on arrive à nous effrayer. Et puis, comme je l'ai dit, tout est pénible là-dedans, des acteurs (la Palme au curé moustachu, personnage obligé des films d'horreur de l'époque, mauvais comme un cochon (il s'appelle pourtant Malone, comme dans Beckett, comme un des grands auteurs de théâtre d'aujourd'hui)) à la musique, des costumes à la photo.

Maintenant, si vous êtes de la deuxième école, celle qui a vu dans The Fog des résonnances politiques surpuissantes, merci de laisser des commentaires afin que je batte ma coulpe...

tout Carpenter is bloody here

Comments

[Mist, euh, Mitch]

J'aimerais bien vous voir battre votre coulpe !

Hélas, je trouve moi aussi Fog assez brumeux-fumeux...

[Postscriptom]

Tout à fait d'accord avec vous, je viens de le revoir en blu-ray et c'est assez décevant, à sauver peut-être le sublime dernier plan mais c'est tout, d'ailleurs dans une interview avec Roberto Rodriguez Carpenter a admis qu'après le tournage en voyant le résultat il a trouvé que c'était "de la merde" et que soi-disant il aurait rattrapé le tout avec quelques jours de tournage en plus, mon oeil...

[Gols]

Absolument, bien vu. C'est bien Janet Leigh, mais qui était meilleure quand elle se prenait des coups de couteau sous une douche que dans ce rôle minuscule et sans intérêt.

[GF]

C'est Janet Leigh, l'actrice?