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12 janvier 2008

Mère Jeanne des Anges (Matka Joanna od aniolów) (1961) de Jerzy Kawalerowicz

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Dommage que, malgré tout le soin de la collection Second Run Dvd (que je loue bassement) pour améliorer la qualité de l'image du film, on ait l'impression dès les premières secondes d'assister à un épisode de la Grange et la Paille des Nuls... Cela dit, la force du film reste intacte ; cette histoire d'exorcisme de démons et d'amour inavouable au sein d'un couvent est adaptée à l'origine de l'histoire des possédés de Louvun au XVIIème siècle ou comment tout un couvent est devenu complètement berzingue - ce qui s'est soldé par la mise à mort, au bûcher, d'un père, Dieu ait son âme.

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Quand le père Jozef arrive dans l'auberge que côtoie le couvent, cela sent déjà la poudre : la serveuse sexy en diable ne cesse de lui lancer des regards enamourés, et lorsqu'elle le sert, sa façon de frôler la table et de se pencher en avant est tout simplement à se damner. Mais le père Jozef reste de marbre malgré les apostrophes un poil provocantes des bons vieux bougres autour de la table. Il torche sa vodka dans un rictus et s'en va au couvent. Le premier contact avec la Mère Supérieure qu'il est venu exorciser se passe ma foi pas mal, jusqu'à ce qu'elle se mette à courir dans tous les sens comme mon chat après une balle de ping-pong et lui annonce qu'elle est possédée par pas moins de huit démons... Notre père Jozef est blême. Il assiste à la première séance d'exorcisme en public de la Mère Supérieure alors que toutes ses comparses - sauf une - ont l'air joliment possédées - mention spéciale à celle qui tournicote sur place. La mère se lance dans un véritable numéro de cirque - une vraie contorsionniste - huitophrénique. Le père Jozef en fait une affaire personnelle, décide de s'enfermer avec elle pour que les démons finissent par s'en aller, nom de Dieu,... mais vu l'application qu'il met à se flageller, on voit bien qu'il commence à tourner pas rond. Doutant, il va jusqu'à consulter un rabbin dans une magnifique scène de jeux de miroir (le même comédien joue les deux rôles) et en sort encore plus troublé... Le Diable a-t-il pris possession de lui ou le Diable n'est-il qu'une part de lui même?... Il est tout chamboulé et va se confier à un père assez débonnaire qui tient la meilleure réplique du film : "Certains sont possédés par Behemoth, le plus grand des démons, moi mon petit démon s'appelle Bière" (je compatis). Notre père va finir par complètement craquer, tombant à genoux de la Mère Supérieure en lui embrassant la main, avant de sérieusement partir en quenelle et d'assassiner tous "les innocents" de l'auberge, persuadé d'avoir en lui les démons de la Mère.

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Pas facile décidément de tomber amoureux, ou de simplement tenter d'être différent, comme le confesse magnifiquement la Mère, dans un tel carcan religieux. Nombreuses sont les scènes où les personnages sont enfermés derrière des grilles comme si leur être profond ne pouvait pleinement s'exprimer. Lmatka_joanna_od_aniolowa blancheur de l'habit des nonnes est un contraste saisissant avec la noirceur qu'on prête à leur âme. Dommage que la qualité de l'image ne rende pas complètement justice à ce contraste permanent, ce combat éternel entre la part d'ange et la part du diable en chacun des individus; la première rencontre entre le prêtre "salvateur" tout en noir et la Mère immaculée possédée, en renversant la symbolique des couleurs, semble annoncer la crise de foi (pas de jeu de mot) que rencontrera notre père Jozef. Le combat qui a lieu en lui, ses bouleversements intérieurs, contrastent également furieusement avec la nudité des décors ultra sobres. Mais, il n'est qu'un homme, l'amour, quoi de plus naturel en somme, ouais mais pas au bon endroit ni au bon moment. Prions Kawalerowicz pour cette œuvre en levant les yeux vers la toile. (Je me demande quand même combien j'ai de démons en moi, exactement...)   

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