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Shangols
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11 janvier 2008

Le Vent de la Plaine (The Unforgiven) de John Huston - 1950

unforgEn voyant l'autre jour Bigard bavouiller devant le pape aux côtés d'un Sarko hilare, je me demandais s'il avait jamais existé un bon artiste de droite, sans arriver à trouver un seul nom. Eh bien, ça y est, j'ai trouvé, il en existe un : John Huston.

 

The Unforgiven est un western solide, plein de romances, de sacrifices et de jolis paysages. C'est donc l'œuvre d'un vrai artiste, ça va sans dire. Il y a là-dedans quelques travellings fabuleux (notamment le tout premier plan du film, qui donne au décor une grandeur pleine de noblesse), et certaines scènes sont assez fabuleusement filmées : un Lancaster à bout de souffle qui se perd dans la poussière, une séquence de lynchage très brutale, des cadres saturés de chevaux sauvages, et toute la fin, violente, classique en même temps que déjà tournée vers le cinéma moderne, celui de Siegel ou d'Eastwood. C'est le passage obligé des gentils cow-boys encerclés dans leur bicoque et qui manquent de munitions, mais Huston le charge d'un dilemme fort en émotion reposant sur les épaules de la petite Audrey Hepburn, jusqu'à un face-à-face assez clouant avec un indien.

 

Mais malgré ces indéniables qualités formelles (ça serait bien le comble, chez Huston), The Unforgiven est aussi très pénible au niveau du fond. Ça commence pourtant plutôt bien, avec cette métaphore finaude sur le maccarthysme venue de nulle part : en gros, un famille unie découvre que la benjamine du clan est une VP5indienne d'origine ; les gens qui l'aimaient le plus (frère, voisin) se mettent à la détester. Il faut surtout voir la tronche des gentils blancs quand ils apprennent la vérité, hilarant. Huston, et on s'en réjouit, file donc la métaphore sur la présence de "l'étranger" au sein de la communauté tranquille, et la réaction épidermique du bon citoyen yankee par rapport à cette présence, rien à dire. Mais ensuite, le film s'enfonce dans ce qu'il faut bien appeler un racisme crasse, en opposant la sauvagerie présumée des indiens à la noblesse de cœur des blancs. C'est certes le lot de nombreux westerns, mais le gars pousse ici le bouchon très loin. Si un indien endosse un rôle important, c'est pour en faire un voleur de chevaux ; si Lancaster est plutôt modéré dans sa vision de la tribu indienne, c'est pour mieux prononcer des phrases limite pour encourager sa sœurette à décaniller du rouge, genre : "T'inquiète, c'est pas toi qui tues, c'est ton fusil", ou "Quand il sera assez près pour que tu aies envie de crier, ne crie pas, tire". Amen. L'écœurement est définitivement atteint lors d'une séquence que n'aurait pas osée De Villiers : une opposition entre la musique des indiens (forcément primitive et "magique") et celle, raffinée et civilisée, des blancs (Mozart), qui se termine bien sûr par une victoire par KO de cette dernière. Tout le film repose d'ailleurs sur un seul suspense : empêcher l'indienne de rejoindre ses frères, pour la retenir dans le confort douillet de la civilisation chrétienne et éduquée des blancs. Berk. The Unforgiven apparaît donc comme le double inversé de The Searchers de Ford, l'enjeu consistant à briser les liens du sang pour leur préférer ceux de l'éducation.

 

VP4Ajoutons que Hepburn est quand même une actrice très fade, ce que vient confirmer son jeu hystérique dans ce film ; c'est une gravure de mode, alors qu'on lui aurait demandé un chouille plus que son joli minois. Même Lancaster a l'air un peu hésitant sur son personnage, effectivement incompréhensible. Je préfère oublier ce film, disons, nauséabond dans la carrière du grand John, en misant sur le fait qu'il n'a pas lu le scénario avant de signer. Comme dit Shang : au royaume des aveugles...

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