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26 novembre 2007

L'Incinérateur de cadavres (Spalovac mrtvol) (1968) de Juraj Herz

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Voilà ce qu'on est en droit d'appeler un film d'une noirceur totale. Techniquement impressionnant aussi bien au niveau du montage, du filmage que de l'utilisation des focales, l'oeuvre d'Herz suit un personnage affable, obséquieux, directeur d'un crématorium; la mort est son pain quotidien et à l'avancée des troupes allemandes en cette période d'avant-guerre, notre homme ne va guère hésiter à pactiser avec l'ennemi. S'il suit apparemment une morale très stricte -pas d'alcool, pas de cigarette-, il se permet quelques petits extra chez les prostituées du coin et lorsque les Allemands lui proposent d'adhérer au parti avec possibilité de gigantesque partouze dans le casino du quartier, ils emportent le morceau... Seulement sa femme aurait des origines juives, ainsi que du même coup ses enfants, mais cela ne va point arrêter notre homme en si bon chemin; il pend sa femme, tue son fils à coup de barre de fer et se voit bientôt bombardé responsable technique pour une extermination à grande échelle...; l'atmosphère caustique du départ, presque surréaliste laisse peu à peu la place à une vision cauchemardesque et infernale.

1300

Dès la séquence de départ, avec cet enchaînement de gros plans sur les membres de sa famille et sur des détails d'animaux en cage, conclue par un portrait de groupe reflété dans un miroir déformant, on sent qu'on a affaire à un univers des plus particuliers. La musique obsédante de Zdenek Liska (des chants d'outre-tombe) donne le ton d'une ambiance assez glauque, et le travail sur spalovac_mrtvolles transitions entre les séquences et les variations d'angle de prises de vue, nous entraîne comme dans un tourbillon sur les pas de cet homme très bavard: il est obsédé par la réussite, le gain, la morale bourgeoise (un paraître impeccable en société, un consommateur de plaisir sexuel illicite entre quatre murs) mais également... par le Dalaï-Lama: celui-ci prônant que la réincarnation se fait dès que le corps devient cendre, notre incinérateur fait de lui son maître à penser. Il finit même, dans un délire final, par s'identifier complètement à lui, se targuant de libérer tous les hommes de leur souffrance. La scène de pendaison de sa femme oscille entre une froideur terrible et un surréalisme... euh... tchèque, de même que la course poursuite de sa fille entre les cercueils du crématorium pour l'assassiner (une certaine maestria du caméraman, au passage, qui n'est pas un manchot). On retrouve dans le film des personnages qui reviennent comme des leitmotive - cette blonde créature diaphane, cette brune aux cheveux longs avec une raie au milieu (ange de la mort?) - et qui ajoutent à cette atmosphère décalée, étrange, démentielle. On va dans un crescendo dans l'horreur à mesure que le personnage de l'incinérateur se fait de plus en plus glaçant, son discours de plus en plus violent. Film d'une audace évidente et impressionnant dans sa facture, on peut louer Herz.

chimage

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